vendredi 29 novembre 2013

La niaiserie d'un reportage de Radio-Canada

Radio-Canada a mis cette capsule en onde dimanche:  La précarité financière des auteurs québécois. 

J'ai un malaise avec ce qu'on dit ici du milieu littéraire. De toute évidence, ce journaliste ne sait pas de quoi il parle parce que si on est dans le milieu depuis le moindrement longtemps, on voit qu'il n'a pas approfondi son sujet avant de faire son reportage.

«Au-delà de l'aspect festif du Salon du livre de Montréal, il y a ces écrivains qui vendent mille, deux milles exemplaires de leur roman s'ils sont chanceux et qui reçoivent des redevances. Trop peu disent certains, mais c'est suffisant au niveau des redevances disent les éditeurs que nous avons rencontrés. Le débat est lancé!» Quelle niaiserie, quand même! Tout le monde se trouve toujours trop peu payé et trouve toujours qu'il paie trop. Cette vérité de La Palice ne s'applique pas qu'au monde du livre.

 «Considérant le nombre d'heures passées à écrire, la plupart des auteurs sont loin de gagner le salaire minimum.» J'espère bien! Si on payait les écrivains à l'heure, tout le monde prendrait vingt ans pour écrire un roman. Voyons donc! Le roman prend le temps qu'il prend. Ça diffère d'une personne à une autre, d'un livre à un autre. Il n'y a pas de standards du temps requis pour écrire.  

«Le Salon du livre nous montre des écrivains tout sourire, mais plusieurs en arrachent.» C'est vrai qu'il y a des écrivains pauvres, mais ils ne le sont pas pour les raisons présentées ici. Ils le sont, règle générale, parce que leurs livres se vendent peu. S'ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts avec 10%, ils n'y arriveront pas davantage avec 12 ou 15%.  Il faut savoir qu'il y a trois facteurs qui influencent les redevances d'un écrivain. 1. Le pourcentage de redevances (habituellement 10% du prix du livre). 2. Le prix du livre lui-même (entre 20$ et 30$ pour un roman adulte). 3. Le nombre de livres vendus (la moyenne étant de 800 exemplaires par livre au Québec).

Le calcul est simple. Si la moyenne représentait un auteur réel, ça donnerait ceci:
 10% de 30$ (pour les romans les plus chers) X 800 livres vendus = 2400$.

Dans la réalité, il y a des auteurs qui vendent 80 livres et d'autre qui en vendent 50 000. La moyenne dont il est question dans ce reportage ne représente pas un auteur moyen. Il s'agit juste d'une vue de l'esprit.

De plus, en aucun cas il ne s'agit de salaire annuel parce que personne (à part peut-être ce journaliste) ne pense que l'auteur travaille 40 heures/semaine sur son roman pendant un an.

 «Le revenu annuel médian d'un écrivain québécois est de 2450$» S'il y avait vraiment des auteurs pour vivre avec 2450$ par année, je comprendrais qu'on dise ça, mais dans ce cas, c'est une grossière exagération.  Un écrivain qui reçoit si peu de droits d'auteur a une autre job et donc un autre salaire. Si ce n'est pas le cas, il a besoin de se faire soigner parce qu'il est suicidaire.

Comme le dit Michel Vézina, l'auteur a 10% de redevances parce qu'il y a une grosse machine derrière lui. S'il en veut davantage, il peut s'autopublier sur papier ou sur Internet. Dans le monde d'aujourd'hui, c'est plus facile que jamais. Sauf qu'il devra alors assumer les coûts de révision (s'il veut faire un bon travail), de production, de diffusion et de promotion. Et pour réussir à vendre des livres, qu'ils soient en papier ou numérique, il faudra mettre le paquet en promotion ce qui coûte beaucoup d'argent.

Avis aux intéressés: «Si on veut se mettre riche dans la vie, faut pas faire des livres.» dixit Michel Vézina. Je dis à peu près la même chose dans mes billets sur l'écrivain et l'argent quand j'explique que l'écrivain qui veut vivre de sa plume doit faire vœu de pauvreté. Après, quand l'argent rentre, on se trouve riche. Mais il faut avant tout savoir dans quoi on s'embarque. Et il faut en assumer les conséquences. La précarité financière qu'on dit si terrible, c'est le prix que l'écrivain paye pour avoir la liberté de créer. Point à la ligne. Et que je n'en voie pas un s'en plaindre. Faire pitié en affaire, c'est jamais winner.

p.s. Les éditeurs étaient bien furieux (on les comprend) de passer ici pour les méchants qui ne veulent pas payer les pauvres auteurs. Voici deux réactions sur le blogue de l'ANEL (Association nationale des éditeurs de livres)


2. Le rôle de l'éditeur.

Et vous, vous en avez pensé quoi de ce reportage?


mercredi 27 novembre 2013

Retour du Salon du livre de Montréal

Pour clore cette édition du Salon du livre de Montréal, nous avons pensé écrire chacune de notre côté nos impressions. 

Voici donc les impressions de la Doyenne:

Incidents rigolos et/ou positifs du SLM 2013:

1.      Jaser avec une lectrice et la voir déposer un roman sur ma table en me disant: «C'est grâce à vous si j'ai osé écrire et publier.» Ce roman, elle me l'offrait parce que c'était le sien. Toutes mes félicitations à Marie-Claude Guy pour son roman La baie des souvenirs. Je te souhaite la bienvenue dans le milieu.

2.      Se faire payer une bière par un auteur «littéraire» qui veut que je lui explique comment je fais pour écrire des livres qui se vendent et réaliser qu'il ne me croit pas quand je lui dis que je n'en ai aucune idée, que j'écris ce que j'aime avec ma plume à moi et qu'il n'y a pas d'autre truc. Oh que j'avais du fun!

3.      Entendre des auteurs répéter qu'ils suivent et aiment notre blogue et/ou la page Facebook Nouveautés québécoises.

4.      Être courtisée par un autre éditeur que le mien pendant une séance de signatures. C'est bon pour l'ego.

5.      Déjeuner pendant deux heures samedi matin avec une écrivaine qu'on connaît depuis longtemps et avec qui on se découvre plein de points communs. C'est le fun les Salons du livre!

6.      Être reçue à souper le samedi soir par une amie auteure de Montréal qui me sert du caviar à l'apéro, du foie gras en entrée, du confit de canard comme plat principal, des fromages, une tarte fraises et crème en dessert et revenir à l'hôtel ivre de bons vins à 1h30 du matin. C'est VRAIMENT le fun les Salons du livre.

7.      Avoir mon éditeur pour moi toute seule pendant deux heures d'affilée. Pincez-moi, je rêve.

Incidents déplaisants du SLM

1.      Être sollicitée par une auteure qui veut des conseils, mais qui exige que j'adapte mon horaire au sien. Mauvaise approche. Ne jamais oublier qui a besoin de qui.

2.      Jaser avec un auteur qui veut écrire des livres que les gens vont aimer et qui me dit, d'emblée, qu'il ne lit pas. Ça part ben mal.

3.      Ne pas réussir à me trouver un sandwich convenable de tout le SLM. Il me semble que servir des repas rapides et mangeables, dans un événement comme celui-là, avec tous ces gens qui n'ont qu'une heure ici et là pour manger, ce n'est pas un luxe.

4.      Je sais pas vous, mais il me semble qu'il y avait moins de monde que d'habitude au Salon du livre de Montréal. En tout cas, j'ai acheté plusieurs livres et je n'ai dû faire la file nulle part en trois jours.

5.      Avoir manqué le party Off-Salon à cause de l'incident positif numéro 5

Et voici les impressions de la Sorcière

     -Le bonheur : Jaser avec tous plein de collègues qu’on n’a pas vus depuis des mois parce qu’on était en période intense d'écriture. Souper ou prendre un verre avec certains pour partager anecdotes et fous rires, mais aussi pour discuter de l’univers bien particulier de la littérature. Faire la connaissance d’autres écrivains avec qui on se découvre beaucoup d’affinités. C'est pour ça que j'aime autant les Salons du livre!

     -La dédicace bizarre : J’ai signé directement sur la peau de quelqu’un pour la première fois de ma carrière. Je précise que c’était sur un bras pour ceux qui auraient l’imagination encore plus fertile que moi…


     -Le p’tit velours : Le fan qui fait le voyage depuis Québec pour venir me saluer. C’est pas pour rien que c’est un de mes chouchous!


    -La surprise : Vendre tout plein de Filles de Lune, mais surtout des tomes 1.  Presque 6 ans après la première apparition de la série sur les tablettes, ça se prend drôlement bien!



    -La raison la plus étrange pour ne pas acheter mon p’tit dernier :  «J’achète les Tabous dans l’ordre pis j’en suis rien qu’au 13e. . Y’en a encore 5 avant vous, madame… » J’avoue que je la ris encore.


    -Et la raison la plus évoquée : «Ah non, je ne veux pas un livre qui va me faire brailler… » Je vous comprends. Et pour ceux qui osent le lire quand même, merci de m’avouer que vous avez versé une larme (ou plusieurs). Ça veut dire que j’ai réussi à transmettre les émotions des personnages, à vous faire vivre l’histoire avec eux, à vous toucher. Pour l’auteure que je suis, c’est tout un compliment.


    -La tape dans le dos qui donne envie de continuer à écrire : Se faire demander non pas une, mais bien des dizaines de fois, quand est-ce que je vais écrire une nouvelle série de fantasy parce que vous avez vraiment hâte. Ne désespérez pas, ça s’en vient! :)

    -L’incompréhension : Faudra un jour qu’on m’explique pourquoi certaines personnes ont tant besoin de dire à un(e) écrivain(e) qu’elles n’ont pas aimé son livre. Après une trentaine de salons, j’avoue que c’est le genre de remarques qui ne m’affectent plus vraiment. (On s’habitue à peu près à tout). Par contre, j’ai vu de jeunes auteur(e)s qui l’ont pris durement. Un p’tit peu de diplomatie, ça serait apprécié.

    -La niaiserie que je n’aurais jamais crue possible : Un lecteur hésite avant de me présenter deux tomes de Filles de Lune qu’il a achetés d’occasion, s’excusant de ne pas avoir eu les moyens de tous les acheter neufs. Il me dit même que je peux refuser de les dédicacer si je veux. Devant ma surprise – parce que je ne vois vraiment pas pourquoi je ne voudrais pas signer ses livres–, le pauvre lecteur me raconte qu’il vient de se faire sermonner pendant de longues minutes par un auteur à qui il avait aussi présenté un livre acheté usagé. Ben voyons donc! Comme si un salon du livre était la place pour se lamenter sur le statut précaire des écrivains, pour faire la leçon sur les habitudes d’achat des gens ou que sais-je encore. Le lecteur vient te voir parce qu’il a aimé ton livre. Tu jases avec lui de sa lecture s’il le souhaite, tu signes le bouquin avec le sourire, pis tu le remercies aussi.  Parce qu’il t’a choisi parmi quelques 1500 auteurs présents, cibole!!!!!!! Trouve un autre moment pour chialer.

    -Rappel qu’il est difficile de «durer» dans ce milieu : L’an dernier, ma fille avait acheté les trois premiers tomes d’une série. Elle avait fait la file un long moment pour avoir ses dédicaces, les auteurs étant TRÈS en demande. Elle se présente cette année au kiosque de la maison d’édition pour le 4e tome et la personne responsable lui répond qu’elle ne connaît même pas la série. Il n’y a pas non plus un seul exemplaire des trois premiers tomes sur place. 

     Et vous, quels sont vos moments forts du dernier Salon du livre de Montréal? 

lundi 18 novembre 2013

Comment survivre au Salon du livre de Montréal

 La Sorcière me dit qu'en lisant ce billet, elle m'entend parler. Je vais donc faire les choses dans les règles de l'art.

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Avertissement: Le texte qui suit contient quelques mots de vocabulaire grossier. Nous préférons vous en avertir.

Voilà, c'est fait. Oreilles sensibles, s'abstenir.
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Mettons les choses au clair. Un salon du livre, ce n'est pas la place pour vendre des livres. Vous ne me croyez pas? Sachez tout d'abord que pour qu'un auteur soit présent au SLM, il faut qu'il ait publié un livre dans la dernière année. Allez maintenant faire un tour sur le site web du Salon du livre de Montréal et comptez-y le nombre d'écrivains en dédicace. 

Ajoutez à ce nombre tous les livres des années précédentes que les distributeurs et les éditeurs exposent à la vue du public. Multipliez ça par trois, cinq, quinze ou cent exemplaires et ça vous donne une idée du nombre de livres qui attendent les visiteurs du Salon du livre de Montréal. Être convaincu qu'on s'en va au SLM pour vendre des livres, c'est non seulement se préparer à vivre une monumentale déception, mais c'est en plus le meilleur moyen pour souffrir au maximum chaque fois qu'un visiteur passera devant votre kiosque sans s'arrêter.

Je vais vous avouer une chose. À mon premier salon du livre de Montréal, trois semaines après avoir reçu le prix Robert-Cliche, j'ai vendu deux livres. DEUX! Le premier, c'est une lectrice de Pauline Gill qui me l'a acheté. Mon éditeur me faisait signer à côté d'elle pour que je ne trouve pas le temps trop long. À une lectrice qui lui disait qu'elle avait tout lu ce qu'elle avait écrit et lui demandait quand sortirait le prochain roman, Pauline a dit : « Essayez donc celui de la p'tite jeune à côté de moi. » Mon deuxième livre, je l'ai vendu à Noël Audet qui trouvait que je faisais pitié. Deux ventes en six heures de signatures réparties sur deux jours. Une chance, Jean-Yves Soucy, mon directeur littéraire, m'avait avertie dès que j'avais mis les pieds au salon. « Tu n'es pas là pour vendre. Tu es là pour qu'on te voie, pour participer à la grande fête, pour apprendre comment ça marche, pour rencontrer des gens et pour avoir du fun. » Ce fut parmi les meilleurs conseils qu'on m'a donnés de ma vie. 

Onze SLM plus tard (et bien une quarantaine de salons partout en province), je me permets de vous donner mes conseils de salon parce que le monde a changé depuis le temps.

1.     Partez avec l'idée que vous aurez du fun.  Si on part avec l'idée qu'on va avoir du fun, on est souriant. C'est bien connu, les visiteurs n'approchent pas les airs bêtes. Quand on a du fun et qu'on est passionné, les gens le sentent. Et si, l'important pour vous, c'est de jaser avec le monde, juste de jaser, pas de vendre, les gens vont aimer vous parler. Il est fort possible qu'ils n'achètent pas votre livre. Mais c'est pas grave. VOUS N'ÊTES PAS LÀ POUR VENDRE. Ces gens, non seulement ils reviendront peut-être vous voir l'année prochaine, mais ils liront peut-être même votre livre d'ici là. Et de grâce, s'ils vous disent ensuite qu'ils l'ont pris à la bibliothèque, ne faites pas l'insulté. Vous aurez l'air d'un enfant gâté.

2.     C'est vrai qu'il y a des auteurs vendeurs. J'entends ici par vendeur le type de personne qui vendrait un frigidaire à un Esquimau. Le genre vendeur de char. Le problème, c'est que l'écrivain vendeur a du succès à sa première année dans les salons. À sa deuxième, c'est déjà moins fort. À sa troisième année, le public le fuit. Et avec raison. Il n'y a rien de plus détestable que de se faire accrocher par un auteur qui ne nous lâche pas. Avec le temps, on les voit de loin et on fait un détour pour ne pas passer devant leur kiosque. Il est donc inutile d'arriver au salon avec des trucs pour harnacher les visiteurs. Et puis, pensez-y un peu. Si vous vendez 10 livres dans un salon du livre, vous vivez un très gros salon. Mais qu'est-ce que 10 livres sur 1000 livres vendus dans l'année? Si vous avez vendu davantage, vous êtes probablement connu. Mais qu'est-ce que 50 sur 5000? 100 sur 10 000? Rien. Absolument rien. Vous vous démènerez pour rien.

3.     Depuis quelques années, j'ai remarqué que certains employés de certaines maisons d'édition ont pris la détestable habitude de dire aux auteurs combien de livres ils doivent vendre pendant la fin de semaine. Si ça vous arrive, ne paniquez pas. Sachez que vous avez affaire à un trou du cul sur un power trip. S'il vous plaît, envoyez-le chier de ma part et dénoncez-le à son supérieur. Et si son supérieur ne comprend pas le problème, dites-lui de venir me voir. Je me ferai un plaisir de lui expliquer que le S.L. de Montréal, c'est un salon de vedettes. Si vous n'êtes jamais passé à la télé, vous risquez de passer inaperçu au SLM. Et à moins d'avoir gravi les échelons et d'avoir acquis au fil des ans un public fidèle, vous ne signerez peut-être même pas un livre sur les six jours que durent le Salon du livre. Dans ces conditions, il est cruel, voire inhumain, d'exiger d'un auteur quelque vente que ce soit.

4.     Je suis d'avis que la seule pression qu'un écrivain doit se mettre pendant une foire aussi géniale que le Salon du livre de Montréal, c'est de s'assurer de boire un maximum de cafés, de manger un maximum de repas et de prendre un maximum de bières avec le maximum de personnes. Heureusement, depuis trois ans, grâce à Myriam Comtois, mon extraordinaire relationniste, il y a un party Off-Salon le samedi soir du Salon du livre de Montréal. La fête a lieu au Lion d'Or cette année et commence à 21 heures. Ce party est vraiment une bonne place pour commencer votre réseau ou pour l'alimenter. Ou juste pour fêter en bonne et due forme votre présence dans le milieu. Parce qu'au nombre de manuscrits qui sont refusés par les éditeurs chaque année, voir votre livre publié et participer au Salon du livre de Montréal, c'est déjà un TRÈS GRAND SUCCÈS.

En conclusion, je vous dirai que ces conseils s'appliquent à tous les salons du livre du Québec. Et si vous êtes écrivains et que vous n'avez pas publié cette année, voulez-vous bien me dire ce qui vous empêche de venir faire votre tour, tant au salon qu'au party? 


Sur ce, je vous souhaite à tous, lecteurs et/ou écrivains (et éditeurs, il paraît qu'il y en a qui nous lisent), un super salon! Et puisqu'on me répète depuis trois mois que le livre est un objet sacré et qu'il doit être vendu à son juste prix, j'espère que les auteurs et les éditeurs en faveur d'un prix réglementé pour le livre auront le courage de leurs convictions et renonceront à leur 40% de rabais sur les livres achetés presque partout dans le Salon du livre de Montréal.

jeudi 14 novembre 2013

Nouveautés québécoises, la page Facebook



Étant donné le peu de visibilité qu'ont les livres dans les médias depuis un bout, la Sorcière et moi avons fondé la page Facebook Nouveautés québécoises.

Cette page rassemble en un seul endroit les nouveautés québécoises au fur et à mesure qu'elles arrivent en librairie. L'objectif est d'en faire un catalogue facile à consulter, mais surtout visible. Deux liens conduisent les lecteurs vers des librairies québécoises en ligne. Un autre mène à la page de l'Île, de l'Uneq, pour ceux qui désire en savoir plus sur les écrivains.

Nous espérons de cette façon tenir les lecteurs informés de ce qu'ils ont de nouveau à se mettre sous la dent sans avoir à attendre le catalogue des grosses librairies.

Si vous êtes un auteur québécois (ou son éditeur) et que votre livre vient de sortir, laissez un message privé sur la page Nouveauté québécoises. Il nous faut une photo de la couverture, le texte de la quatrième de couverture (en Word) de même qu'un extrait de 50 mots. Nous nous ferons un plaisir de diffuser l'information.

On commence avec les nouveautés de cet automne. On attend vos infos par m.p. sur la page Facebook!

Note: Il faut absolument que le livre soit arrivé en librairie au moment où vous nous faites parvenir l'information. Nous voulons éviter qu'un lecteur se déplace pour rien.

mercredi 13 novembre 2013

Le vrai grand méchant loup, c'est Amazon

Gens du livre: Vous vous rappelez comment, dans Le trône de fer (A Game of Thrones), les gens du Sud se battent entre eux pour avoir le pouvoir tandis qu'avance, malgré le mur de glace (The Wall), la plus terrible des menaces? Ben c'est exactement ce qui est en train d'arriver si on se fie à l'excellent dossier L'effet Amazon présenté dans la revue Books. LA menace, c'est pas Costco, c'est AMAZON. Et elle s'abat sur la France malgré la réglementation sur le prix du livre parce que, pour contourner la loi, Amazon livre gratuitement. Les libraires français en sont donc rendus à exiger une autre loi pour forcer Amazon à charger des frais de livraison. Amazon est mort de rire parce que, le temps qu'on adopte une autre loi, le Monde sera passé à l'ère numérique.


Vous voulez voir le monde du livre avec lucidité et non avec romantisme, courez à votre kiosque à journaux chercher ça! La revue coûte 14,95$,mais elle vaut chaque cenne.









lundi 11 novembre 2013

Sauvons nos librairies indépendantes avec de l'imagination et non par la pensée magique

Nos librairies indépendantes sont en difficulté, tout le monde l'admet. Elles ferment leurs portes les unes après les autres. Personne ne peut le nier. La loi 51 ne suffit plus pour les protéger et permettre leur développement. Tout ça parce que la librairie perpétue un modèle traditionnel alors que notre monde a subi d'importantes transformations.  

Traditionnellement, une librairie tient un grand nombre de titres dont la majorité se vend peu. Pour être rentable, la librairie a besoin d'offrir un produit qui se vend bien. Traditionnellement, les best-sellers jouaient ce rôle.

La thèse actuelle des libraires est que depuis qu'on peut acheter des best-sellers moins chers dans les grandes surfaces, les librairies perdent des ventes. C'est vrai.

C'est vrai qu'une portion de la clientèle des librairies achète ailleurs parce que les livres y sont moins chers. Il est faux, cependant, de croire que la majorité des acheteurs de livres en grandes surfaces étaient autrefois des acheteurs de livres en librairie. Les grandes surfaces et les pharmacies ont rejoint une autre clientèle. Une clientèle qui, autrefois, n'achetait pas de livres ou presque.

La preuve que le problème n'est pas lié aux grandes surfaces,  c'est qu'en France, malgré la réglementation sur le prix du livre, les petites libraires continuent de disparaître. Les Français lisent pourtant plus que nous. Beaucoup plus que nous.  

Le vrai problème se trouve dans la technologie. Internet, qu'on aime tant et dont on dépend, représente une menace de plus en plus grande pour les librairies. Mais il s'agit d'une menace bien difficile à combattre parce qu'elle a pour alliée la vitesse. LA VITESSE. Voilà le véritable ennemi des librairies. La vitesse de téléchargement et la vitesse de livraison des livres achetés en ligne.

C'est exactement ce que déplore l'éditeur Melville House sur son  site web et dont le lien se trouve sur la page Facebook de Sauvons les livres.

On y dit clairement que ce qui a fait disparaître des librairies en Angleterre, c'est l'arrivée d'Internet (en 1995), avec ses livres numériques moins chers que les livres papier, avec les rabais consentis par les détaillants en ligne (genre Amazon), avec le réseau internet de revendeurs de livres d'occasion et avec le piratage.

C'est aussi ce que décrient les libraires français dans un article pris sur le site du Syndicat de la Librairie française. Leur bête noire, c'est Amazon. 

Or, Amazon et Internet n'ont rien à voir avec les grandes surfaces.

Je continue de croire que les librairies sont indispensables pour la survie de notre culture. Mais je pense aussi que le modèle actuel n'est pas viable. Et puisqu'on subventionne les théâtres, les musées et les troupes de danse parce qu'ils transmettent notre culture, pourquoi ne ferait-on pas de même avec les librairies?   

Comme je ne crois pas aux bienfaits d'une réglementation du prix du livre, j'ai imaginé un autre moyen pour assurer la pérennité des librairies indépendantes, celles qui tiennent sur leurs tablettes le fond de notre culture littéraire.

L'idée m'est venue en pensant à cette taxe pour le transport en commun qu'on doit payer quand on immatricule notre voiture. Cette taxe est prélevée pour le bien de toute la société. Et pourtant, si vous n'avez pas de voiture, vous ne la payez pas.

Imaginons donc une taxe spéciale sur les livres vendus en grande diffusion. ( C'est-à-dire chez Costco, Walmart, pharmacies, Amazon, etc.)

Ça n'a pas besoin d'être une grosse taxe. 3 % ferait l'affaire. De toute façon, il n'y a pas de taxe provinciale (TVQ) sur les livres. Y ajouter une taxe de 3 % aurait un effet minime sur le prix, comme le démontre ce tableau où j'ai pris pour exemple mon roman Les deux saisons du Faubourg.

Point de vente
Prix du livre actuellement
Taxe de 3 %
Costco
20.97 $
0.63 $
Walmart
22.46 $
0.67 $
Amazon
25.31
0.76 $
Librairie (prix de détail suggéré)
29.95 $
ne s'applique pas

Comme pour la taxe municipale de 0.40 $ pour le service 911 sur les factures des téléphones cellulaires, il faudrait que la taxe spéciale sur le livre soit bien identifiée sur le reçu du client. On ne lui demande pas ces quelques sous supplémentaires pour rien. Une telle transparence aurait pour effet de valoriser les librairies dans l'esprit du public.

Mais le plus important, ici, c'est qu'une augmentation aussi faible du coût du livre n'aurait pas d'influence sur les ventes et n'affecterait donc pas les revenus que les auteurs et les éditeurs tirent des ventes en grandes surfaces.

Et contrairement à un prix réglementé, qui « forcerait » du coup les grandes surfaces à faire plus de profit sur le livre, la taxe de 3 % permettrait de créer un fonds pour aider les librairies.

Afin d'illustrer mes propos, j'ai fait le calcul avec les derniers chiffres émis par l'Observatoire de la culture et des communications du Québec dans son étude sur le marché du livre (2008-2012). 

À la page 3 du rapport, on chiffre à 116 millions de dollars le montant des ventes finales de livres neufs en grande diffusion. 3 % de 116 millions = 3 480 000 $. C'est presque trois millions et demi de dollars annuellement en soutien direct aux librairies en difficulté. Et ce, sans diminuer l'accessibilité au livre puisque le prix en grandes surfaces n'augmenterait que de 3 %.

Je sais pas vous, mais moi je trouverais ce moyen pas mal plus efficace. Plus cohérent. Plus juste. Et plus humain, dans une société aussi peu alphabétisée que la nôtre.

Voilà. Si vous trouvez que cette idée mérite qu'on l'étudie, allez-y fort, diffusez-là! Et faites-la vôtre tant que vous voulez! Il n'y a pas de droit d'auteur sur les idées. L'important, pour moi, c'est de trouver une façon de sauver les librairies sans pénaliser les écrivains dont les livres sont vendus dans les grandes surfaces. 

Ajouts:

1. On me dit qu'une taxe dédiée, ce n'est pas faisable au Québec. Je réponds qu'on n'a pas besoin que la taxe soit fonctionnellement dédiée. On sait déjà combien à combien s'élèvent les ventes de livres en grande diffusion grâce au rapport de l'Observatoire de la culture et des communications (v. page 3). Elles étaient de 116 millions en 2012. Le gouvernement peut très bien percevoir la taxe, mettre cet argent dans des vases communicants et verser aux librairies 3% du montant des ventes en grande diffusion comme recensé par l'Observatoire de la culture et des communications chaque année.

2. On me dit qu'il serait difficile d'établir quels commerces devraient charger la taxe. Il faut procéder à l'envers. Tous les vendeurs de livres devraient percevoir la taxe de 3%, mais les librairies agréées en seraient exemptées.

3. On me demande comment répartir l'argent ainsi collecté. Je propose que les subventions aux librairies soient calculées en fonction du nombre de titres par pied carré i.e. selon l'importance de son fond.

Il faut innover et non importer un modèle déjà défectueux par rapport à Internet et impuissant devant Amazon.



vendredi 8 novembre 2013

Qui renonce à sa part de profits quand les grandes surfaces vendent les livres au rabais?


Je me suis servi d’un commentaire ramassé sur FB et repris à quelques reprises comme point de départ pour mon billet d'aujourd'hui :

 « Scénario réel: Un éditeur calcule ses coûts, évalue sa marge de profit et son potentiel de vente et décide qu'un livre va se vendre 20 piastres. Costco ou Walmart arrive et dit: je t'en achète 2000, à condition que tu me fasses une remise de 5 piastres par tête de pipe. Costco préserve sa marge de profit en offrant pas vraiment le même service qu'une librairie, l'éditeur rogne un peu sa marge de profit à lui en échange d'une grosse vente d'une shotte. » dixit un écrivain de renom.

Premièrement, ce scénario est-il vraiment réaliste?

Il faut savoir qu'habituellement, la distribution des revenus d'un livre en librairie se fait comme suit: 

10 % pour l’auteur
17 % pour le distributeur
33 % pour l’éditeur
40 % pour le libraire

Sur un livre à 20$, l'argent se découpe donc comme ceci:

2.00 $ pour l'auteur
3.40 $ pour le distributeur
6.60 $ pour l'éditeur
8.00 $ pour le libraire

À la lumière de ces chiffres, on ne voit pas comment un éditeur accepterait de perdre 5$ alors que sa part de tarte n'est que de 6.60$. Avec ce 6.60$ par livre, ne l’oublions pas, l'éditeur doit également payer l’imprimeur, la direction littéraire, la révision linguistique, la correction d’épreuves, le graphiste, la promo et j’en passe. Une telle remise ne s’appellerait pas rogner un peu sa marge de profit, ça s’appellerait du suicide professionnel.

Puisque, dans mon dernier billet, j’ai expliqué que la majorité des auteurs ne voient pas leurs revenus fluctuer au gré des réductions, il est logique de se demander aujourd'hui qui, des autres maillons de la chaîne du livre, perd de l'argent quand le livre est offert à 25 % ou 30 % de moins que le prix de détail suggéré. Parce que c’est clair que quelqu’un, quelque part, sacrifie une part de ses profits.

J'ai donc mené ma petite enquête auprès d'éditeurs et de distributeurs et je suis arrivée aux conclusions suivantes:

— La plupart du temps, les grandes surfaces grugent dans leur propre marge de profits, misant sur la quantité de livres vendus plutôt que sur le pourcentage que leur rapporterait chaque vente, d’où leur préférence pour les best-sellers.

— Les grandes surfaces demandent parfois à l’éditeur de payer pour avoir l’exclusivité d’un bout d’allée ou d’un autre emplacement particulier dans le magasin.

— Les grandes surfaces demandent parfois à l’éditeur d’acheter une publicité dans une circulaire ou une revue distribuée par l’entreprise.

Même si on me confirme que les deux pratiques qui suivent existent, on a tenu à préciser qu'il s'agissait de pratiques très marginales.

— Il arrive que les grandes surfaces demandent au distributeur de céder un certain pourcentage de profit.

— Il arrive que les grandes surfaces demandent aussi à l’éditeur de céder un certain pourcentage de profit.

On m'a aussi expliqué que, contrairement à la croyance populaire, Costco achète très rarement des livres sans droit de retour. Il préfère, comme les librairies, pouvoir les retourner au distributeur s’ils ne se vendent pas. Il n’y a donc pas de rabais associé à l’achat massif. Walmart, par contre, utilise parfois cette méthode.


P.s. Dans un prochain billet, je vous expliquerai ce qu'il advient des redevances de l'écrivain dans le cas de liquidation.

mardi 5 novembre 2013

C'est une question de contrat et non une question de Costco

Depuis que le débat sur la nécessité – ou non – d’adopter une politique de prix unique pour les livres fait rage, il s’est écrit bien des commentaires sur les fils d’actualité Facebook, sur les sites des journaux, dans les blogues et ailleurs. Étant écrivaine de métier, je me fais un devoir de les lire en bonne partie, question de me tenir au courant de ce qui se passe dans «mon » univers. Je ne débattrai pas ce matin de ce qui concerne spécifiquement ladite politique de prix, mais plutôt d’un sujet qui la touche de près, soit la rémunération des écrivains quand leurs livres sont vendus dans les grandes surfaces. Parce qu’il semble que les grandes surfaces soient le « grand méchant loup » dans cette histoire. Un grand méchant loup sur le dos duquel on met même des « problèmes » qui ne le concernent pas. Je m’explique.

Depuis août dernier, j’ai lu des centaines de commentaires différents dont plusieurs répandaient des faussetés. J’en ai choisi deux pour bien illustrer la raison de ce billet:

- «Le prix unique du livre, ce n'est pas augmenter le prix du livre, c'est le garder plus longtemps sur les tablettes à son prix normal avant de le brader aux grandes chaînes... et appauvrir encore davantage les auteurs.» –Dixit une auteure évoluant dans le milieu depuis plusieurs années.

- «Autre ignoble fausseté qu'elle a proférée (lire ici Marie Laberge) comme parole d'Évangile: les auteurs perçoivent le même montant en droit (sic) peu importe le prix auquel le livre est détaillé. Peut-être quand on est une auteure de best-sellers qui dicte ses conditions, mais sûrement pas dans tous les cas.» – Dixit un auteur de renom.

Pour commencer, on va éliminer les grandes surfaces de la problématique parce qu’elles n’ont rien à voir dans la rémunération de l’auteur. Qu’elles vendent un bouquin 10%, 25% ou 30% moins cher que les librairies, ce ne sont pas elles qui décident du pourcentage qui ira à l’écrivain. Les grandes surfaces négocient avec l’éditeur – et parfois le distributeur – mais jamais avec l’auteur. Ce qui détermine la part de l’auteur, c’est ce qui est écrit en petits caractères dans la clause de son contrat d'édition portant sur les redevances. Point. Et cette clause est négociée entre l’auteur (ou son agent) et l’éditeur bien avant que le livre se retrouve dans les points de vente.

Mais qu’y a-t-il donc dans cette fameuse clause pour que certains auteurs se plaignent d’être sous-payés? Je connaissais déjà la réponse pour avoir discuté avec plusieurs de mes collègues et un certain nombre d’éditeurs importants, mais j’ai quand même fait un p’tit sondage maison et quelques recherches pour élargir mes horizons. Voici le résultat.

 -Pour environ 75% des écrivains, la clause de rémunération ressemble à ça :   

  1- L’éditeur paiera à l’auteur dix pour cent du prix de vente au détail suggéré pour tout exemplaire de l’ouvrage vendu au Canada… (bla bla bla)

Ou à ça :

2-L’éditeur paiera à l’auteur dix pour cent du prix de vente au détail pour tout exemplaire de l’ouvrage  vendu au Canada…

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement? Qu'environ 75% des écrivains reçoivent une rémunération de 10% du prix de détail suggéré pour chaque livre vendu. Le prix de détail suggéré étant le prix régulier du livre, celui que l’éditeur choisit en fonction des coûts de production, du profit espéré et de la part qui ira à chacun des maillons de la chaîne. Par exemple, pour un Filles de Lune, le prix de vente au détail suggéré est de 24.95$. Ce prix est donc le prix repère pour la rémunération de l’auteur. Ainsi, que votre tante paie 24.95$, 18.71$ (rabais de 25% chez Walmart) ou 16.99$ (rabais de 30% chez Costco) pour un Filles de Lune ne changera rien à mes redevances. Je recevrai 2.50$. Sur mes relevés de ventes, il est inscrit un nombre X de livres multipliés par 2.50$ et le total au bout de la ligne. Simple et efficace.

Pour environ 25% des écrivains, la clause de rémunération ressemble à ça :

3-L’éditeur paiera à l’auteur dix pour cent du prix de vente au détail pour tout exemplaire de l’ouvrage vendu au Canada… (Oui, oui, cette clause est écrite de manière identique à la précédente. J’y reviendrai plus bas.)

Ou à ça :

 4-L’éditeur paiera à l’auteur dix pour cent du prix de vente réel pour tout exemplaire de l’ouvrage vendu au Canada…

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement? Qu'environ 25% des écrivains reçoivent une rémunération correspondant à 10% du prix de vente réel pour chaque livre vendu. Si je reprends mon exemple d’un Filles de Lune avec cette clause, je recevrais 2.50$ (10% de 24.95$ en librairie), 1.87$ (10% de 18.71$ chez Walmart) ou encore 1.70$ (10% de 16.99$ chez Costco) pour le même livre. Non seulement l’auteur dans cette situation est moins rémunéré, mais je vous laisse imaginer le bordel sur son relevé de ventes. Difficile d’être plus compliqué, voire plus confus.

Je reviens ici au fait que les clauses numéro 2 et numéro 3 sont identiques. Ne vous inquiétez pas, j’ai bien fait mes devoirs. Malgré une formulation pourtant en tout point identique, il s’avère que les auteurs avec une telle clause dans leur contrat ne sont pas tous rémunérés de la même façon. Certains éditeurs interprètent l’expression prix de vente au détail comme s'il s'agissait du prix de vente au détail suggéré, alors que d’autres éditeurs affirment qu’il s’agit du prix auquel le livre est réellement vendu. Qui a tort, qui a raison? Tout dépend de quel côté on se place.

Qu’en dit l’UNEQ?

Lorsque l’on devient membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), on reçoit un document appelé Contrat-type d’édition. Ce document se veut un modèle du meilleur contrat à signer pour un auteur au Québec. La clause des redevances qui nous préoccupe y est formulée comme suit :

En contrepartie de la licence qui lui est accordée, l’éditeur verse en monnaie canadienne, à l’auteur, les redevances (…) suivantes :

Pour la vente d’exemplaires au Canada, des redevances payables pour chaque vente d’exemplaires de l’œuvre, toute taxe applicable en sus, calculées sur le prix de vente au détail (insérer ici un chiffre référant à la note de bas de page dont je parle dans le prochain paragraphe), selon les taux convenus par l’auteur et l’éditeur (…), lesquels ne peuvent toutefois être inférieurs à dix pour cent (10%) par exemplaire pour tout type de format, sauf dans le cas des exemplaires en format poche (…).

Comme vous pouvez le constater, la formulation de la clause suggérée par l’UNEQ est la même que celle retrouvée dans les clauses 2 et 3 plus haut. Toutefois, une note de bas de page indique ceci :

Il importe que les redevances soient calculées sur le prix de vente au détail hors taxes en librairie. L’auteur ne doit pas accepter que le taux de redevances minimum soit appliqué sur des prix de vente inférieurs, tels le «prix de vente au catalogue» (…), le «prix de vente au libraire» (…) ou le «prix de distribution» (…). Cet élément est fondamental dans le calcul de la rétribution de l’auteur. A fortiori, l’auteur ne doit accepter que sa rémunération repose sur les «recettes nettes» de l’éditeur, car ce dernier est le seul qui contrôle les dépenses imputés à la confection et la promotion de l’ouvrage.

Bien sûr, l’UNEQ interprète le sens de prix de vente au détail à l’avantage de ses membres. Mais si l'UNEQ ressent le besoin de préciser avec une note de bas de page ce que signifie cette clause, cela ne confirme-t-il pas qu’il y a effectivement place à interprétation? Et comment savoir à l’avance si l’éditeur avec lequel un auteur signe un contrat d’édition interprétera ladite clause à l’avantage de l’auteur et non au sien? L’éditeur est-il censé avoir lu la note de bas de page?   

Contrairement à la croyance populaire, la rémunération au taux de 10% du prix de détail suggéré est rarement une clause négociée. Il s'agit plutôt d'une clause standard du contrat de base de plusieurs maisons d’édition québécoises. Il n’y a donc pas que les auteurs de best-sellers qui peuvent se targuer d’être rémunérés correctement, c’est la grande majorité des écrivains québécois.

Tout ça pour dire que Marie Laberge a peut-être exagéré un peu en disant que TOUS les auteurs recevaient les mêmes redevances peu importe le point de vente, mais c’est quand même une forte majorité. Si un auteur reçoit moins d’argent pour un livre vendu en grandes surfaces plutôt qu’en librairie, c’est un peu de sa faute. Il est de son devoir de négocier son contrat et non de blâmer Walmart ou Costco pour sa perte de revenus.