J'ai déjà
dit ici ce que j'ai pensé du roman (J'en ai lu 75 pages et je l'ai tiré au bout
de mes bras). Quand j'ai vu la bande-annonce du film, il y a quelques semaines,
j'ai écrit ces mots à ma chum la sorcière: «C'est pas drôle quand on trouve que le film a l'air meilleur que le livre. »
Mais tout
ça, c'est mon avis. Juste mon avis. Est-ce que j'irai voir le film?
Probablement pas. Pas mon genre.
Est-ce que
je vous déconseillerais d'aller voir le film? Jamais de la vie! Il en faut pour
tous les goûts. De la même manière que j'ai défendu la lectrice de Twilight, je
défendrai toujours la lectrice de Fifty Shades of Grey. C'est pas vos oignons,
ce qu'elle lit. Pas plus que ce qu'elle fait dans son lit.
Vous me
voyez venir?
Il y a un
mois est apparu un mouvement que je trouve horriblement rétrograde. Un appel au
boycottage du film sous prétexte que le film valorise la violence sexuelle.
Va-t-on
boycotter les films où les protagonistes consomment allègrement de la drogue
sous prétexte que ça encourage la consommation de drogue?
On commence
déjà à bannir les films où les personnages fument parce qu'on dit que ça
encourage les gens à fumer. Ben, je vous
le dis tout de suite. Si vous lisez mon prochain roman, les gens fument.
Beaucoup plus qu'au Québec. Pourquoi? Parce que je raconte une histoire qui se
passe au Yukon pis qu'au Yukon, les gens fument plus qu'ici. Pis ils boivent de
l'alcool aussi. Un lecteur averti en vaut deux.
Quand j'ai
vu passer sur Facebook les premiers liens vers le boycottage de Fifty Shades of
Grey, j'ai eu le poil des bras qui s'est mis au garde-à-vous. On parle d'oeuvre d'art, ici. Pis que ça
plaise ou non aux biens pensants de ce monde, l'art parle aux gens. Qu'ils
aiment ou ils aiment pas, ça les regarde eux. On n'a pas à leur dire quoi
lire et quoi pas lire. Ni quoi voir et quoi pas voir.
Ce que je
trouve plus insidieux dans tout ça — et
dangereux aussi—, c'est que cet appel au boycottage est lancé par un mouvement
féministe.
Je suis
féministe jusqu'au bout des ongles. Pis je vais envoyer ch... la personne qui
viendra me dire ce qu'une femme doit faire ou non de son corps. C'était
d'ailleurs ça, le cri de ralliement des féministes, dans le temps, pour obtenir
le droit à l'avortement. C'est pas aux autres de décider ce qu'une femme fait
de son corps. Ça valait pour l'avortement, ça va pour les pratiques sexuelles
marginales et autres.
J'en ai ras
le bol qu'on présente toutes les femmes comme des victimes, ou au mieux, comme
des victimes potentielles. Pense-t-on qu'elles sont toutes niaiseuses,
incapables de voir un film de cul (??) sous prétexte que ça pourrait banaliser
ce que d'autres femmes subissent contre leur gré dans leur foyer?
À ce que je
sache, le PERSONNAGE d'Anastasia ne se plaint pas de ce que lui fait Mr. Grey.
Qui diable sommes-nous pour décider que ses moeurs doivent être réprimées?
Vous rappelez-vous Natural Born Killers? Me souviens pas d'avoir vu un appel au boycottage
dans ce temps-là. Et si mes souvenirs sont bons, c'était plus heavy que
Fifty Shades of Grey. Pas mal plus heavy! Mais, c'est vrai, ça ne parlait pas de cul. Ni
de femmes. On y montrait des tueurs d'une violence inouïe devenir aussi
populaires que des rock stars. C'est sûr que c'est moins grave.
Il fut un
temps où le clergé dressait une liste des livres interdits. On appelait ça
l'Index. Sommes-nous revenus à cette
époque-là?
Voici une
autre réaction dans le même sens. J'aime le titre: Un moralisme puritain inquiétant.
Ajout le 13 février: En v'là une autre qui aborde le même sujet et qui arrive aux mêmes conclusions que moi. La copieuse! ( mdr )
http://journalmetro.com/opinions/prochaine-station/720570/cinquante-nuances-dinfantilisation-de-la-femme-adulte/
http://journalmetro.com/opinions/prochaine-station/720570/cinquante-nuances-dinfantilisation-de-la-femme-adulte/