mercredi 7 octobre 2015

J'ai d'abord pensé à Marc Fisher...


Moi, dans vingt ans... si je suis encore là.

J'avais pensé cette semaine vous parler du livre de Marc Fisher, celui qui va sortir incessamment et pour lequel j'ai vu plein d'auteurs déchirer leur chemise sur Facebook. Je me contenterai cependant de paraphraser Jésus Christ. 


Que l'auteur qui vit de sa plume et qui a déjà craché sur 40 000$ de redevances lui jette la première pierre! Et 40 000$, ici, c'est juste une estimation.
Dans une situation similaire, même si peut-être plus «honorable», je me rappelle il y a quelques années avoir entendu une amie auteure me dire: «Si c'est pas moi qui prends le contrat, ce sera quelqu'un d'autre!». 

Alors j'ai rien d'autre à dire là-dessus.

Mais il y a un sujet qui me trottait dans la tête depuis deux semaines.  Alors je vous en parle parce que ça vous touchera tous un jour où l'autre... si ce n'est déjà fait. 


Il y a deux semaines, donc, paraissait mon seizième livre. Un petit plaisir que je n'ai pas boudé et que j'ai célébré dignement, comme j'en ai l'habitude. 

Le lendemain, j'avais une entrevue dans une radio de Québec de même qu'un dîner de famille dans un resto du Vieux-Québec. J'ai donc fait aller-retour avec mon chum. Un après-midi ben le fun... jusqu'à ce que, pendant le retour sur l'autoroute 20, je décide de prendre mes messages sur mon cellulaire. Mauvaise idée, mais que voulez-vous! Ça m'arrive, des fois. 

Cet après-midi-là, donc, il y avait dans ma boîte de réception l'invitation d'une bibliothécaire de Montréal. Je vous copie ici une partie du courriel.

Nous aimerions beaucoup vous recevoir en bibliothèque la saison prochaine pour parler de votre parcours d'auteur et de vos oeuvres. Présentée dans le cadre de notre programme culturel destiné aux 50 ans et plus, cette rencontre aurait lieu à la bibliothèque X, un jeudi de janvier, de 10 h 30 à 11 h 30. Seriez-vous intéressée et disponible? Si oui, quel serait votre tarif? 

Je vous mens pas, j'ai presque arrêté de respirer. 

«dans le cadre de notre programme culturel destiné aux 50 ans et plus, cette rencontre aurait lieu à la bibliothèque X, un jeudi de janvier, de 10 h 30 à 11 h 30.  »

A-t-on idée à quel point une formulation de ce genre peut fesser quand la personne à qui on s'adresse est sur le point d'avoir 48 ans?  Vous dire mon désarroi! Vous dire le choc! Vous dire mon indignation!  J'aurai bientôt l'âge des gens pour lesquels on organise des activités le jour!!!

De retour à la maison, j'ai fait par de ces émotions à la Sorcière. En digne amie capable de tourner le fer dans la plaie, elle m'a répondu: «C'était aussi dur que le jour où tu as compris que tu avais l'âge d'être grand-mère?»
Je vous jure que si elle avait été en face de moi, chum pas chum, je l'envoyais chier. Mais on jasait par messages privés sur Facebook. J'ai juste répondu : OUI!
Faut savoir ici que j'avais 43 ans le jour où ma cousine, pour être aimable, m'a annoncé que le fils de ma meilleure amie de 6e année allait avoir son deuxième bébé. Je l'ai fait répéter. Nathalie? Le fils de Nathalie? Elle a dit oui. J'ai répondu que ça ne se pouvait pas. Nathalie avait mon âge puisqu'on était en 6e année ensemble. Et là, ma cousine, avec autant de subtilité qu'un chien dans un poulailler, elle me lance: «Mylène! T'as l'âge d'être grand-mère, voyons! Ta fille a 20 ans!» Devant autant de cruauté, ma réponse a été assez sèche: «Ma fille a peut-être l'âge d'être mère, mais moi, je n'ai pas l'âge d'être grand-mère!» Fin de la conversation.
Si vous avez lu Détours sur la route de Compostelle, vous avez reconnu les sentiments qui tourmentent Mireille quand son fils de 17 ans lui annonce que sa blonde est enceinte et qu'ils vont garder le bébé. C'est pas pour rien que ça se trouve dans le roman. Ma description de la difficulté à accepter ce genre de situation s'ancrait dans du vécu.
Toujours est-il que ça m'a pris trois jours, à me bercer dans le fond de ma cour, pour accepter que j'avais effectivement l'âge d'être grand-mère.
C'est un mur similaire que j'ai frappé au lendemain de la sortie de mon seizième livre, en réalisant que j'atteindrais bientôt 50 ans. Dans deux ans. DEUX ans!
Mais cette fois, au lieu de ruminer la chose dans le fond de ma cour, j'ai décidé de rester fidèle à mes bonnes habitudes. Je vais célébrer ça dignement en me préparant un voyage monumental en Amérique du Sud. Deux ans, ça me donne le temps d'apprendre un peu d'espagnol. Et deux ans, ça me laisse assez de latitude pour penser à un projet de roman ayant pour cadre la forêt équatoriale... genre.
Hier après-midi, je suis tombée sur ce texte du Huffington Post. Avec ses 8 choses qui ne sont plus de son âge, l'auteure m'a bien fait rire, preuve que je dois déjà avoir franchi avec les années plus d'étapes que je le pensais.


S le l'hyperlien ne marche pas, vous trouverez le texte du Huffington Post à cette adresse: http://quebec.huffingtonpost.ca/michelle-combs/choses-devenue-trop-vieille_b_8252164.html



2 commentaires:

  1. Tu aurais dû écrire pour la jeunesse, tu serais invitée dans les groupes 9-12 ans! Ouais, pas mieux, on t’appellerait "Mamie"!
    Tout est relatif, tu le sais, tu es jeune pour moi, tu es vieille pour d'autres. Bref, on n'a jamais l'âge qu'on a.
    Bon, je ne dis plus rien.
    Merci quand même pour le grand sourire de ce matin.

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  2. Ayant eu ma fille à 33 ans, je calcule que je vais donc recevoir deux coups de masse en même temps : j'aurais l'âge d'être grand-mère à peu près en même temps que mes 50 ans. Si je survis, le reste de mon vieillissement devrait bien se passer! :p

    Pour ce qui est de Marc Fisher, j'ai pas suivi l'histoire. Il a écrit une commande?

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