jeudi 1 octobre 2015

Le temps qui passe




Je ne fais jamais la vaisselle. Pas que je déteste, c'est juste que chez nous, c'est la job de mon chum. La semaine dernière, cependant, mon chum s'est ramassé à l'urgence. Il en est sorti le bras droit dans une attelle, le doc lui ayant interdit de s'en servir pendant minimum six semaines. Ça voulait dire pas de vaisselle, pas de conduite automobile, pas d'aspirateur, pas de steak et pas de vélo. C'est tout juste s'il peut prendre sa douche tout seul.

Depuis une semaine, donc, je lave et j'essuie la vaisselle tous les soirs. Ça me rappelle quand je suis partie en appartement, à 17 ans. Comme à l'époque, je vois dans ce moment de silence, seule dans la cuisine, une occasion de méditer. Étant donné que laver la vaisselle n'exige pas de concentration, je peux avoir l'esprit ailleurs. Et hier soir, justement, il était ailleurs, mon esprit. Je pensais au lancement.

Faut savoir que je ne fais pas souvent de lancement. Je n'en fais pas souvent parce que, de nature, je ne fais jamais les choses à moitié. Tant qu'à faire un lancement, je fais un party. Et quand je fais un party, je fais un gros party. Avec bouffe, alcool, DJ et tout. Ce genre de party, que je veux mémorable, coûte cher, demande du temps et de l'organisation. Disons que chez nous, on s'éclate fort, mais pas toutes les semaines.

Mon premier lancement, qui aura été mon seul et unique jusqu'à ce soir (unique lancement, pas unique party, évidemment!). Mon premier lancement, donc, remonte à mon sixième roman, 1704. C'était en 2006. Il y a neuf ans.

Neuf ans! J'avais réservé le Loubards, à Sherbrooke. L'endroit était plein à craquer. Faut dire que toute la parenté y était. Du bord de mon père comme du bord de ma mère. Il y avait des amis aussi. Et les quelques auteurs que je connaissais à Sherbrooke (je venais juste d'arriver en ville). Pour l'occasion, mon éditeur était descendu de Montréal. Et parce qu'il n'y avait pas eu de catastrophe ailleurs sur la planète, la télé de Radio-Canada s'était déplacée. Avec caméra et tout! C'est vous dire à quel point il ne se passait rien sur Terre à ce moment-là. C'est aussi vous dire le party!

À l'époque, ma fille avait 15 ans. C'était une peste d'adolescente qui m'a tenue sur les nerfs toute la veillée. Pour vous donner une idée de l'eau qui a coulé sous les ponts depuis, elle a maintenant 24 ans. Elle vit avec son chum dans une autre ville à six heures de route. Et moi, j'ai eu le temps d'apprivoiser le fait que j'ai désormais l'âge d'être grand-mère. Vous ne m'auriez jamais fait avaler la chose en 2006.

Au lancement de 1704, mon père et ma mère, divorcés depuis trente-cinq ans, s'étaient salués en arrivant au bar. Tous les deux, en même temps, dans le même party. Je n'avais pas vu ça souvent dans ma vie. Ils sont morts maintenant. Tous les deux. Mon père en 2008. Ma mère en 2009. De la parenté, il reste moins de monde aussi.

C'est à tout cela que je pensais hier soir quand je lavais la vaisselle. Et j'ai pris conscience du temps qui s'écoulait, irrémédiablement. Je ne me suis pas sentie plus vieille, rassurez-vous. J'ai juste senti les trous plus intensément.


Voilà. C'est tout. J'ai organisé un party avec deux amis auteurs. La Sorcière, que vous connaissez, et notre ami le conteur. L'événement aura lieu ce soir, à la salle du Parvis, sur la rue du Conseil, à Sherbrooke. C'est un 5 à 7 et vous êtes tous invités. Le prochain n'aura pas lieu avant neuf ou dix ans. Et il est impossible d'anticiper les trous et les pleins qui se formeront dans nos vie d'ici là.  




5 commentaires:

  1. Je vous souhaite un super lancement à tous les trois.

    Et dans 5-10 ans, ce lancement sera devenu lui aussi un souvenir. Alors ce soir, créez-vous de beaux souvenirs! :)

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  2. Anusez-vous bien! Dans cinq à dix ans, ce sera plus facile de déplacer ma petite famille pour un 5 à 7! lol!

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  3. Avec pareil billet, c'est sûr que si je n'étais pas à trois heures de route, je pense que ça m'aurait tentée. Vrai? Pas de lancement au Yukon pour Lili ou la Yukonnaise? Rien non plus de l'éditeur?
    Tu viendras nous en parler, parce que la télé, cette fois-ci... Pas sûre.
    Allez bon party!

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    1. On n'a pas eu la télé de SRC, mais la radio de SRC! On était vraiment contents!

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  4. On a reçu une centaine de personnes. :D Il y avait la bonne musique du DJ Anthony Simmons, la bonne bouffe de Boucan Traiteur, le super conte d'Éric et la petite table ronde de Josiane. Les gens ont été bien impressionnés par la salle du Parvis qui est belle, accueillante et équipée d'un staff d'enfer.

    Bref, ce fut un magnifique party!

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