lundi 15 juillet 2013

Le hasard des livres

Voici un billet de blogue léger comme l'été.

Einstein disait : « Le hasard, c'est le déguisement que prend Dieu pour voyager incognito. »

Je ne sais pas si je crois en Dieu. Probablement pas. Mais il me semble que me tombe toujours sous la main le bon livre au bon moment.

Voici quelques exemples parmi tant d'autres :

1.      Après avoir vécu des expériences de synchronicité au Yukon et sur la route de Compostelle, j'ai cherché en vain le livre de Jung qui s'appelle Synchronicity. J'ai fouillé de nombreux sites internet où on peut acheter des livres usagés, mais personne ne l'avait en stock. Il n'était pas non plus disponible sur Amazon Market Place. Puis l'an dernier, pendant mon voyage de recherche en voyage en Nouvelle-Écosse, je suis entrée dans une librairie de Halifax pour acheter un signet (souvenir de voyage que je rapportais à la Sorcière). J'ai aperçu le livre de Malcom Gladwell, Blink, que je possède depuis quelques années et que j'aime beaucoup. Je l'ai pris pour voir le prix. Qu'est-ce que j'ai trouvé juste derrière? Le livre Synchronicity, de Jung.

2.      Il y a quelques années, j'ai acheté une anthologie du roman historique en Occident. Marguerite Yourcenar, que je n'avais jamais lue, y était citée en exemple à plusieurs reprises. Je me suis dit à ce moment-là qu'il serait nécessaire que j'en sache davantage sur elle. Quelques jours plus tard, je marchais sur la rue Saint-Jean, à Québec, lors d'une fête de quartier. Les trois librairies avaient dressé des tables et sorti une partie de leur stock. Un roman d'Arturo Pérès-Reverte, Le club Dumas, a attiré mon attention parce que j'avais prêté mon exemplaire un an plus tôt et qu'il n'était pas encore revenu ( et je ne me souvenais plus à qui je l'avais prêté). J'ai décidé d'acheter le roman au cas où il ne reviendrait pas. Comme je m'en emparais, mon regard s'est posé sur le livre qui se trouvait en dessous. C'était une biographie de Marguerite Yourcenar.

3.      Au fil des années, je suis devenue une fan de la pensée de Marguerite Yourcenar. J'aime sa plume autant que ses idées. À Marseille, ce printemps, je me rendais à mon hôtel quand je suis passée devant une librairie. (Et je suis incapable de passer devant une librairie sans y entrer. C'est une maladie.) On avait dressé des tables sur le trottoir, comme l'autre fois, à Québec. J'ai regardé les tables, découragée parce que les livres y étaient alignés à la verticale. J'ai survolé l'ensemble puis mon regard s'est attardé sur le bord de la rangée du milieu. En guise de couverture du livre, on avait choisi la photo d'une femme âgée. À cause du rebord de la table, je ne voyais que les yeux. Mais je les ai reconnus aussitôt. C'étaient les yeux de Marguerite Yourcenar! Le livre s'intitule Les yeux ouverts. Très approprié, comme titre, je trouve, vu les circonstances.  

4.      J'ai vécu plus étrange que ça encore. Il y a cinq ou six ans, un soir, je lisais Romancing the Ordinary, de Sarah Ban Breatchnach. Dans un chapitre, elle parlait d'un texte écrit par un bénédictin du 18e siècle, le frère Laurent. Il y avait dans cet extrait quelque chose qui m'accrochait. On y parlait du bonheur au quotidien, des petits plaisirs qui font qu'on se dit que notre vie est riche même quand il s'agit de détails. J'aime cette philosophie, alors j'ai pris le titre en note.

(À partir d'ici, je n'exagère pas et je n'invente rien. C'est vraiment arrivé. Mon chum peut en témoigner.)

Il ne s'était pas écoulé une semaine que le facteur est venu sonner à ma porte. J'avais commandé un mois plus tôt un roman sur le site abebooks.com. Le libraire se trouvait à Portland, en Oregon. Voilà que le facteur arrive avec trois bacs de plastique pleins d'enveloppes. Elles venaient toutes de cette librairie. J'ai eu beau dire que je n'avais commandé qu'un roman, le facteur a insisté pour me laisser toutes les enveloppes puisqu'elles m'étaient toutes adressées. J'ai contacté la librairie pour leur décrire la situation et on m'a dit qu'il y avait eu une erreur dans l'impression des étiquettes. On me donnait tous les livres que contenaient ces enveloppes étant donné que ça coûterait trop cher pour les retourner et les réexpédier. J'ai donc ouvert les enveloppes une à une et — évidemment! — le roman que j'avais commandé se trouvait dans la dernière enveloppe (Il s'agit d'une variante de la loi de Murphy.) Mais qu'est-ce j'ai trouvé dans une des enveloppes? Le livre du frère Laurent dont j'avais pris en note le titre en lisant le livre de Sarah Ban Breatchnah.

5.      Un autre exemple aussi déroutant que fréquent : Quand je lis un roman, il arrive que l'auteur parle d'un sujet que je ne connais pas ou qu'il utilise un mot que je n'ai jamais lu nulle part, mais qui retienne mon attention. Et trop souvent pour être un hasard, je tombe par la suite sur un autre texte qui porte sur le même sujet ou bien sur un texte où l'on utilise le même mot (que je n'avais pourtant jamais entendu avant).

Je ne sais pas ce que signifient tous ces hasards. Peut-être que ça ne signifie rien du tout. Mais j'aime croire qu'il ne s'agit pas de coïncidences. Il me semble qu'il y a quelque chose de magique avec les livres. Pour expliquer ce genre d'événement, Jung parle de synchronicité. J'aimerais bien, pour ma part, savoir comment il se fait que mes lectures soient à ce point «synchronistiques».

Et vous, ça vous arrive, ces choses-là?


10 commentaires:

  1. Oui, sûrement, mais là, comme ça, il ne me vient pas d'exemples.
    Seulement, j'admire que tu lise l'anglais. Quoique déjà j'ai du mal a lire tout ce qui me tente en français...
    Marguerite Yourcenar: j'aime les biographies sur elle, mais ses livres, pas été capable jusqu'à maintenant, malgré mes essais. Par contre, j'ai vu sa maison (Petite Plaisance), près de Bar Harbor.

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    1. T'es allée à Petite Plaisance? Wow! Ce sera un de mes prochains voyages. Depuis que j'ai lu Les yeux ouverts, j'y pense souvent. C'est là qu'on été enregistrées les entrevues qu'on trouve dans le livre.

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    2. J'ai même trouvé la maison, juste en roulant dans les rues. Quand j'ai vu le mot "Petite Plaisance" sur une toute petite affiche basse, j'ai su que c'était là.
      J'ai donc vu ce qu'elle voyait, senti ce qu'elle sentait.
      Environnement très agréable. Surtout quand on aime la mer, les petites baies.

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    3. "que tu lises" avec un "s". J'écris trop vite!

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  2. Je constate que tous ces événements concernent des livres...

    Ma conclusion: tu lis trop.

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    1. Est-ce possible de lire trop? Vraiment? Je devrais peut-être consulter...

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  3. Ça m'arrive souvent et chaque fois, c'est comme si un rayon de soleil s'illuminait autour de moi. Ou tout simplement, partir avec une idée en tête, ne pas nécessairement trouvé le livre que l'on cherchait, mais grâce à cette recherche, trouver quelque chose d'encore mieux :)

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    1. Ça aussi, c'est fréquent chez moi. J'aurais dû y penser en écrivant le billet. Merci.

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  4. Ce genre de chose m'arrive souvent, mais avec une personne en particulier, que je ne connais pas. Nous nous retrouvons sans arrêt au même endroit au même moment, au point que ça en devient troublant et je ne comprend pas pourquoi ça arrive! Je suis certaine que cette personne l'a aussi remarqué! C'est vraiment étrange... :)

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