mercredi 28 janvier 2015

Des nouvelles de la sorcière

Un p’tit billet, ce matin, pour vous présenter une des principales raisons de mes rares présences sur ce blog au cours de la dernière année…

Tadam !  






Dans deux semaines, soit le 11 février prochain, le premier tome de ma nouvelle série arrivera en librairies. Après une longue absence de trois ans dans le merveilleux monde de la littérature fantasy, je suis de retour avec une histoire de trésors pirates, de mondes parallèles, d'hybrides capables de contrôler des espèces mythiques et surtout... des sorcières d'un genre bien particulier. ;)

Je vous laisse donc avec le résumé de la quatrième de couverture et je retourne à mon manuscrit du deuxième tome, prévu pour l'automne prochain ! 

Enfant, Sax devait être sacrifié pour protéger le passage entre son monde et un autre. Sauvé de la mort par une sorcière, il devient le pirate le plus recherché des mers d’Alstrass. Mais l’ampleur de ses pillages et la renommée qui l’accompagne ne suffisent pas à lui faire oublier son désir de vengeance. Pour l’assouvir, il dissimulera sept trésors et créera sa propre légende.

Près de trois siècles après la mort du pirate, en dépit d’une carte accessible à tous, les butins narguent toujours les chasseurs de trésors. Ils ne peuvent être retrouvés qu’avec l’aide de Kaléïdes, des humains nés d’hybrides et possédant le don de contrôler certaines espèces animales. Et ces êtres sont aussi rares que convoités.

Élevé loin de la civilisation, Maksim croit pourtant tout connaître des humains comme des hybrides. Téméraire, il n’a peur de rien et rêve d’être navigateur pour sillonner les océans à la recherche des trésors de Sax. Il est convaincu de réussir là où tous ont échoué.

Tiss craint sa propre mort, mais est fascinée par celle des autres. Elle vit en permanence avec, lovée dans son cou, une salamandre dressée pour tuer. Au contraire de Maksim, les trésors ne l’intéressent pas. Elle sait pourtant qu’un jour, on la traquera pour les retrouver.

Tous deux Kaléïdes, ils ont grandi sur des îles distinctes du plus vaste archipel d’Alstrass. Ils ne se sont jamais rencontrés et ignorent tout de leur existence mutuelle. C’est avant que Grévec, pirate obnubilé par la légende de Sax et capitaine de L’Hydre, débarque dans leurs vies… 

Pour les intéresssés, ma maison d'éditions offre le livre en prévente sur son site. Il vous sera livré le jour même de sa sortie, avec une belle dédicace en prime !  N'est-ce pas génial comme promo ? :)

Au plaisir de vous retrouver ici ou sur Facebook !


lundi 19 janvier 2015

Mon réviseur, mon ego et moi


Imaginez 300 pages de ce genre-là!

Pour certains auteurs, c'est lire le rapport de la direction littéraire qui est le plus difficile. Dans leur cas, ce que je décris dans ce billet s'applique au directeur littéraire.

Pour d'autres, comme moi, le plus dur consiste à passer au travers d'un manuscrit barbouillé d'un bout à l'autre de commentaires et de corrections, c'est-à-dire constater le travail que mon réviseur a fait sur mon roman.

Quand arrive ce passage obligé vers la publication de mon manuscrit, mon ego souffre.

Par bonheur, depuis que VLB éditeur est passé à l'ère du numérique, je n'ai plus à m'arracher les yeux pour déchiffrer ce qui est griffonné dans la marge. Jusqu'à Yukonnaise, chez mon éditeur, on travaillait sur papier, avec crayon de plomb et stylo rouge. Avec une correction au plomb, il y avait toujours moyen de moyenner. Avec le rouge, jamais.

Aujourd'hui, on travaille en «suivi des modifications» dans Word. Petit miracle de la technologie, cette fonction du logiciel permet d'écrire lisiblement des commentaires dans la marge et de corriger les erreurs directement dans le texte. Une belle avancée technologique.

C'est pas mieux pour l'ego, cependant.

Comme l'a dit un jour un éditeur de mes amis, matcher un auteur avec un réviseur relève d'une épreuve olympique. Quand on forme enfin un couple qui se comprend et qui s'aime (Oui, oui! C'est important l'amour, ici.), on fait le max pour que ces deux-là travaillent ensemble le plus longtemps possible.

Ça fait deux romans que je suis en amour avec mon réviseur, même si c'était pas le même réviseur pour les deux romans. Le bonheur, pour moi, consiste à lire les commentaires et à m'écrier :

— Ouiiiiiiiiiiii!!! Il a compris ce que je veux dire!

— Yéééééééééé!!! Il a compris comment j'écris!

Je me pâme comme ça pendant une semaine et j'accepte presque toutes les suggestions de mon réviseur.

Je n'ai toutefois pas toujours été aussi enthousiaste devant mes textes révisés. Il y a eu des romans dans ma vie où j'avais juste envie de me rouler en boule dans un coin pour pleurer en me répétant à quel point j'étais poche puisque mon réviseur avait écrit partout partout pis réécrit partout ailleurs comme si c'était encore possible d'en rajouter une couche.

Voyez-vous, mon ego, il est comme tous les ego. Il n'aime pas qu'on lui dise :

— Tu as fait une faute ici, une autre là, une troisième ici!
— T'as pas le droit d'écrire ça.
— Ce mot-là est un anglicisme. En français on dit...
— Cette formulation-là est calquée sur l'anglais, en français il faut écrire...
— Trop lourd. Reformuler.
— Confus. Reformuler.
— Se lit mieux de cette manière-ci.
— Se lit mieux de cette manière-là.
 Etc.

Mon ego, quand il ouvre le fichier de réviseur, il monte aux barricades. Dès la première correction, il fourbit ses armes en criant : T'as rien compris!

Mais voilà. Mon ego, c'est pas lui l'écrivain. Mon ego, c'est l'animal persuadé qu'il est bon, qu'il est fin et qu'il est capable tout seul. Et il est convaincu qu'il a raison pis que les autres sont dans le champ.

Comme écrivain à l'ego blessé, donc, j'ai longtemps pleuré en lisant les corrections de mon réviseur et je sais maintenant qu'il s'agissait de souffrance inutile pour deux raisons.

1. Souvent, le réviseur n'était pas fait pour moi. Vous savez, j'écris dans une langue très simple des textes qu'on peut lire à voix haute. J'insiste pour que le rythme respecte ma musique interne, celle qui hypnotise le lecteur. Si vous m'associez un réviseur un tantinet trop littéraire (ou persuadé qu'il aurait écrit ce roman mieux que moi), on ne s'entendra pas. 

2. J'ai compris que l'inspiration est peut-être divine, mais que le canal, lui, est faillible. (Je pense que c'est Victo Hugo qui a dit ça.)

Je sais jusque dans mes tripes que les histoires et les images qui naissent dans ma tête sont merveilleuses. Pour moi, elles sont claires, mais elles ne le sont pour personne d'autre parce qu'il n'y a pas de mots dessus. Il n'y a que l'esprit de l'image ou l'esprit de l'histoire. Pour les rendre accessibles aux autres, il faut les mettre en mots. Je deviens donc le canal par lequel ces images et ces histoires seront communiquées au Monde. Et là, mesdames et messieurs, il y a de l'obstruction. Il y a des parasites. Ça griche et ça distorsionne. Je suis faillible parce que je suis un être humain. Je n'ai pas tous les talents et j'ai des faiblesses à n'en plus finir.

L'expérience m'a rendue meilleure pour traduire sur papier ce qui s'agite dans ma tête. Je dis meilleure et non pas parfaite. Je ne pense pas qu'on puisse rendre à la perfection ce qui bouillonne dans l'esprit créateur. C'est insaisissable. Il y a trop de mouvements, et les angles sont arrondis au point qu'on ne sait par quel bout prendre l'idée.

Et mon ego, là-dedans? Ben j'ai appris au fil des ans à le faire taire en lui servant un argument béton:  Si mon réviseur n'a pas compris, mon lecteur ne comprendra pas non plus.

Bref, le travail du réviseur (et du directeur littéraire), c'est de rendre accessible au public visé les bijoux nés de l'imagination de l'artiste. Il n'est pas un ennemi et il n'est pas un supérieur. On travaille ensemble parce que deux cerveaux valent mieux qu'un dans ce domaine.

Quand chacun a saisi ça, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et moi, par la suite, au moment d'ouvrir des bulles, je ne le fais plus avec le soulagement qui suit un calvaire, mais avec la satisfaction du travail bien fait.


mardi 6 janvier 2015

Deux solitudes



Il y a plusieurs années, quand j'enseignais le français dans une école anglaise de Québec, j'ai fait l'expérience des deux solitudes canadiennes. À la télé, un soir de semaine, on présentait Marguerite Volant. (Wikipédia dit que c'était en 1996. Je le crois sur parole.)

Dans ma famille, dans ma belle famille et dans mon cercle d'amis, on regardait ça religieusement. Quand je rentrais au travail, cependant, quasiment personne ne savait de quoi il s'agissait. Seules les deux autres profs de français et une enseignante d'anglais francophile pouvaient en jaser avec moi. Quatre personnes sur quarante membres du personnel regardaient l'émission qui rivait le reste de la province à son petit écran. Ça, mesdames et messieurs, ça s'appelle sentir de près les deux solitudes. Mes Anglos et moi, on ne regardait pas les mêmes canaux à la télévision. On ne lisait pas les mêmes journaux. Et on n'écoutait pas les mêmes postes de radio.

J'ai revécu une expérience similaire avec Jian Gomeshy. Bon. Je ne jaserai pas ici de ses pratiques sexuelles et de leurs conséquences — Facebook l'a assez fait — sauf que l'automne dernier, les Québécois francophones ont découvert cet animateur de radio pourtant célèbre partout dans Canada anglais. Il est même venu à Québec il y a deux ou trois ans dans le cadre d'une tournée de promotion pour son dernier livre. Des amis y étaient. Des Anglos, évidemment.

Cette expérience des deux solitudes culturelles m'est revenue à l'esprit quand la Sorcière m'a envoyé ce lien du journal Le Devoir. Émilie Folie-Boivin, journaliste surtout littéraire, n'avait jamais entendu parler de Louise Tremblay-D'Essiambre. Une des auteures les plus lues au Québec en ce moment était passée sous le radar de quelqu'un qui se dit au fait de ce qui s'écrit au Québec. Mmm...

Le Devoir, pourtant, parle de Louise Tremblay-D'Essiambre chaque semaine... dans le petit carré réservé au palmarès Gaspard. Les romans de Louise s'y maintiennent depuis des années.  

Ça m'a rappelé un incident qui s'est produit au Salon international du livre de Québec en avril dernier. Un auteur littéraire essayait de me convaincre que Sam, de François Blais, publié à l'Instant même, était un gros vendeur au Québec. La suite de notre conversation:

Moi: Ça ne se compare quand même pas aux romans de Louise Tremblay-D'Essiambre!

Lui: C'est qui, celle-là?

Fin de la conversation.

Cette ignorance du monde du livre n'est pas à sens unique. En fin de semaine, la librairie Port de tête a publié sur internet la liste de ses meilleurs vendeurs pour 2014. Sur cinquante auteurs, je n'en connais que six. Et de nom seulement. C'est pas compliqué, je n'ai pas lu un seul des ouvrages sur cette liste. Et pourtant je lis! Et des écrivains, j'en connais! Ça fait douze ans que je suis dans le milieu. Je n'ai pas manqué un seul Salon du livre de Montréal. Et seulement un Salon du livre de Québec. J'ai été partout en région sauf à Rimouski. Des bières, des repas, des cafés avec des écrivains, j'en ai pris treize à la douzaine. Et pourtant, je ne connais pas 90 % des auteurs sur cette liste.

Le roman dit littéraire et le roman populaire occupent pourtant le même espace géographique. Comme les Anglos et les Francos. Sauf qu'entre les deux, il y a une différence culturelle qui ressemble à une épaisseur de glace.


Deux solitudes, je vous dis.