vendredi 4 septembre 2015

La lecture qui, de fil en aiguille, influence l'écriture d'un nouveau roman

Description du livre sur Wikipédia

Au printemps, je jasais avec mon éditeur de ce projet de roman qui germe dans ma tête depuis dix ans et que je sentais mûr, enfin. Je lui parlais du sujet, plus complexe que ce que j'ai l'habitude de travailler. Il m'a dit: «Faut que tu lises Le Royaume, d'Emmanuel Carrère!» 


Je ne suis pas une personne docile, mais je me suis dit que si mon idée avait fait jaillir le titre d'un autre livre dans l'esprit de mon éditeur, je devais y jeter un oeil. J'ai donc acheté Le Royaume, que j'ai lu aux trois quarts... parce que l'auteur y parle d'un autre livre qu'il a écrit et qui a tellement piqué ma curiosité que je n'ai pas été capable d'attendre pour le lire. Il s'agit de la biographie de Philip K. Dick, Je suis vivant et vous êtes tous morts. J'ai plongé là-dedans avec la délicieuse sensation que ce livre m'était destiné. (Carrère affirme qu'il a eu peu de succès à  l'époque où il est sorti. Je ne comprends pas pourquoi. C'est un bijou!)
Pour les gens qui ne connaissent pas Philip K. Dick, c'est l'auteur de Do Androids Dream Electric Sheep?, le roman à l'origine du film de Ridley Scott, Blade Runner. L'excellent Blade Runner. Le magnifique Blade Runner, que j'ai vu un million de fois. Dont je connais des répliques par coeur, en anglais et en français. Dont je possède les six versions en DVD. Et que j'ai vu au cinéma l'année de sa sortie en salle en 1982. J'avais 15 ans. Je me souviens avoir quitté le cinéma en transe, conquise et avec le goût irrépressible d'écrire de la science-fiction.  
Dans mon bureau d'aujourd'hui, il y a l'affiche du film, laminée 4 pieds de haut par 2 pieds de large. Pas la version originale, malheureusement, mais celle du réalisateur, sortie en 1992.  À l'époque, j'avais même lu le roman de Philip K. Dick. Je n'y avais pas compris grand-chose parce que je manquais de vécu. C'est quand je l'ai relu dix ans plus tard que l'histoire a pris tout son sens. J'ai lu par la suite Substance mort (en anglais et en français en plus de regarder le film avec Keanu Reeves) et j'ai lu SIVA (Ça, ça décoiffe!).
Toujours est-il que la biographie écrite par Carrère, je ne pouvais pas passer à côté. J'ai donc plongé, comme je l'ai dit plus haut, et j'ai émergé trois jours plus tard, haletante, émerveillée et avec l'envie terrible de lire Le maître du haut château, la seule oeuvre de Philip K. Dick qui ait gagné un prix, mais pas le moindre, le prix Hugo de 1963 (prix de science-fiction en langue anglaise).
Et là, je suis presque tombée en bas de ma chaise longue.  Si vous êtes auteurs, vous connaissez sans doute ce feeling: Lire un roman et se dire qu'il contient exactement l'information dont on avait besoin. Dans mon cas, ce fut la structure. Quatre histoires interreliées, mais où aucun des personnages ne croise les autres. Tout se tient, mais seul le lecteur comprend réellement ce qui se passe. Les personnages ne connaissent que des bribes et uniquement ce qui leur était accessible en vertu de leur point de vue.
Vous dire le flash!
Je tiens désormais la structure de mon nouveau roman, informe encore au printemps, mais tout à fait tangible depuis que j'ai lu Le maître du haut château. Je vous le donne en prime: c'est un thriller, un genre que mes lecteurs adultes ne me connaissent pas, mais qui ne surprendra pas le moins du monde mes lecteurs adolescents.

Et vous, des lectures qui tiennent d'un hasard significatif, ça vous arrive ?



3 commentaires:

  1. Ah, The Man in the High Castle... En effet, toute une structure. Et, surtout, tellement originale en cette ère où si on commence avec quatre trames narratives, c'est sûr que ça va finir en une seule!!!

    Sinon, je suis sûre que j'ai vécu des "lectures enchaînées" (une suggestion mène à une autre qui mène à une autre) comme ça et que certaines m'ont inspirées (probablement des nouvelles, parce que ma bibliographie romanesque est mince) mais pour le moment je ne me rappelle pas de cas particulier...

    Cela dit, là je vais lire "Substance mort/ A Scanner Darkly", parce que je l'ai pas lu encore celui-là. :)

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  2. Complètement perdue. Un univers qui m'est totaliement inconnu.
    Mais très contente pour toi. Fonce comme tu le xens.

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