Je ne fais jamais la vaisselle. Pas que je déteste, c'est
juste que chez nous, c'est la job de mon chum. La semaine dernière, cependant, mon
chum s'est ramassé à l'urgence. Il en est sorti le bras droit dans une attelle,
le doc lui ayant interdit de s'en servir pendant minimum six semaines. Ça
voulait dire pas de vaisselle, pas de conduite automobile, pas d'aspirateur, pas
de steak et pas de vélo. C'est tout juste s'il peut prendre sa douche tout
seul.
Depuis une semaine, donc, je lave et j'essuie la vaisselle
tous les soirs. Ça me rappelle quand je suis partie en appartement, à 17 ans. Comme
à l'époque, je vois dans ce moment de silence, seule dans la cuisine, une
occasion de méditer. Étant donné que laver la vaisselle n'exige pas de
concentration, je peux avoir l'esprit ailleurs. Et hier soir, justement, il était
ailleurs, mon esprit. Je pensais au lancement.
Faut savoir que je ne fais pas souvent de lancement. Je n'en
fais pas souvent parce que, de nature, je ne fais jamais les choses à moitié.
Tant qu'à faire un lancement, je fais un party. Et quand je fais un party, je
fais un gros party. Avec bouffe, alcool, DJ et tout. Ce genre de party, que je
veux mémorable, coûte cher, demande du temps et de l'organisation. Disons que
chez nous, on s'éclate fort, mais pas toutes les semaines.
Mon premier lancement, qui aura été mon seul et unique
jusqu'à ce soir (unique lancement, pas unique party, évidemment!). Mon premier
lancement, donc, remonte à mon sixième roman, 1704. C'était en 2006. Il y a neuf ans.
Neuf ans! J'avais réservé le Loubards, à Sherbrooke.
L'endroit était plein à craquer. Faut dire que toute la parenté y était. Du
bord de mon père comme du bord de ma mère. Il y avait des amis aussi. Et les
quelques auteurs que je connaissais à Sherbrooke (je venais juste d'arriver en
ville). Pour l'occasion, mon éditeur était descendu de Montréal. Et parce qu'il
n'y avait pas eu de catastrophe ailleurs sur la planète, la télé de Radio-Canada
s'était déplacée. Avec caméra et tout! C'est vous dire à quel point il ne se
passait rien sur Terre à ce moment-là. C'est aussi vous dire le party!
À l'époque, ma fille avait 15 ans. C'était une peste
d'adolescente qui m'a tenue sur les nerfs toute la veillée. Pour vous donner
une idée de l'eau qui a coulé sous les ponts depuis, elle a maintenant 24 ans.
Elle vit avec son chum dans une autre ville à six heures de route. Et moi, j'ai
eu le temps d'apprivoiser le fait que j'ai désormais l'âge d'être grand-mère.
Vous ne m'auriez jamais fait avaler la chose en 2006.
Au lancement de 1704,
mon père et ma mère, divorcés depuis trente-cinq ans, s'étaient salués en
arrivant au bar. Tous les deux, en même temps, dans le même party. Je n'avais
pas vu ça souvent dans ma vie. Ils sont morts maintenant. Tous les deux. Mon
père en 2008. Ma mère en 2009. De la parenté, il reste moins de monde aussi.
C'est à tout cela que je pensais hier soir quand je lavais la
vaisselle. Et j'ai pris conscience du temps qui s'écoulait, irrémédiablement. Je
ne me suis pas sentie plus vieille, rassurez-vous. J'ai juste senti les trous plus
intensément.
Voilà. C'est tout. J'ai organisé un party avec deux amis
auteurs. La Sorcière, que vous connaissez, et notre ami le conteur.
L'événement aura lieu ce soir, à la salle du Parvis, sur la rue du Conseil, à
Sherbrooke. C'est un 5 à 7 et vous êtes tous invités. Le prochain n'aura pas
lieu avant neuf ou dix ans. Et il est impossible d'anticiper les trous et les
pleins qui se formeront dans nos vie d'ici là.
Je vous souhaite un super lancement à tous les trois.
RépondreSupprimerEt dans 5-10 ans, ce lancement sera devenu lui aussi un souvenir. Alors ce soir, créez-vous de beaux souvenirs! :)
Anusez-vous bien! Dans cinq à dix ans, ce sera plus facile de déplacer ma petite famille pour un 5 à 7! lol!
RépondreSupprimerAvec pareil billet, c'est sûr que si je n'étais pas à trois heures de route, je pense que ça m'aurait tentée. Vrai? Pas de lancement au Yukon pour Lili ou la Yukonnaise? Rien non plus de l'éditeur?
RépondreSupprimerTu viendras nous en parler, parce que la télé, cette fois-ci... Pas sûre.
Allez bon party!
On n'a pas eu la télé de SRC, mais la radio de SRC! On était vraiment contents!
SupprimerOn a reçu une centaine de personnes. :D Il y avait la bonne musique du DJ Anthony Simmons, la bonne bouffe de Boucan Traiteur, le super conte d'Éric et la petite table ronde de Josiane. Les gens ont été bien impressionnés par la salle du Parvis qui est belle, accueillante et équipée d'un staff d'enfer.
RépondreSupprimerBref, ce fut un magnifique party!