mercredi 6 janvier 2016

Pour 2016, je vous souhaite un personnage...

Tyrion Lannister, créé par George R. R. Martin

Qu'ont en commun Maria Chapdelaine, Marguerite Volant, Émilie Bordeleau, Maude Graham? La même chose que Luke Skywalker, Miss Marple, D'Artagnan, Arsène Lupin, Sherlock Holmes, Ulysse, Astérix et le roi Arthur. Ce sont des personnages sortis de l'imagination d'un artiste. Ce sont des personnages qui ont pris, une fois leur existence publique, une dimension tellement importante dans l'imaginaire collectif qu'ils existent pour de vrai dans l'esprit des gens, indépendamment de leur auteur et parfois même à la place de l'auteur. Vous me direz qu'Émilie Bordeleau avait été inspirée par une femme de la Mauricie, et vous aurez raison. Mais ce n'est pas cette femme qui est passée à l'histoire, c'est le personnage créé par Arlette Cousture.

Plus important encore, cependant, qu'un personnage qui passe à l'histoire, c'est un personnage qui aide une vraie personne à vivre. Comme Tyrion Lannister. Car le génie de George R.R. Martin en créant Tyrion, ce n'était pas d'en faire un nain. Non, le génie de Martin, ce fut d'en faire un humain atteint de nanisme. Car Tyrion n'est pas une créature fantastique comme Bilbo ou Willow. C'est l'un de nous, né différent de nous. Et tout le monde sait quel sort l'humanité a réservé, de tout temps, à ses membres différents.

J'ai pris conscience de l'importance de ce personnage quand une amie a donné naissance, l'an dernier, à Francis, un enfant atteint de nanisme. Plus chanceux que ses pairs nés il y a vingt ans, Francis grandira avec un modèle fort, intelligent, courageux et admirable, pas avec l'idée qu'il est une créature de cirque ni qu'il est d'une autre espèce. Et ça, c'est une grande avancée pour l'humanité.  Car, ne l'oublions pas, il y a  deux types de personnes en ce moment sur la Terre: ceux qui aiment Tyrion Lannister et ceux qui n'écoutent pas Game of Thrones. 

Alors, chers collèges et amis écrivains, ce que je vous souhaite pour 2016, c'est le génie nécessaire pour créer un personnage qui non seulement transcendera la personne que vous êtes, mais qui aidera une autre personne à vivre sa vie.

































3 commentaires:

  1. Je tombe certainement dans la première catégorie!!!
    L'anecdote de l'enfant de ton amie m'a fait pensé à cette autre anecdote, dans laquelle un enfant Asperger s'est reconnu dans le personnage de Drax, du film Guardian of the Galaxy, et s'est mis à s'imaginer un futur de superhéros!

    C'est aussi une grand pensez-y pour nous, les auteurs: varions nos héros!!!

    https://www.google.ca/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjAvpDEvJXKAhWCMz4KHUjuBEsQFggcMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.shrinktank.com%2Fguardians-of-the-galaxy-gives-us-our-first-aspergers-superhero%2F&usg=AFQjCNGDx2LGa7NOfyCwR97zrn_ECbQLpA&sig2=-Herp9WMk0Cci0K4Yb1XbQ

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  2. Dans le premier Hanaken, il y a un fils de samouraï avec une infirmité (une main déformée). Je l'avais créé un peu sans y penser, pour donner un ami à mon personnage principal, mais c'est le personnage dont on m'a le plus parlé. En particulier, un garçon avec un bras paralysé est venu me dire que le personnage lui avait donné envie de faire des arts martiaux, alors qu'il avait toujours cru qu'il ne le pouvait pas.

    C'est là que j'ai réalisé le pouvoir qu'on peut avoir comme auteur. Et la responsabilité qui vient avec. Surtout en tant qu'auteur jeunesse.

    Cela dit, je crois que ces personnages-là ne fonctionnent que si les auteurs les créent sans avoir le "message" en tête. GRRM a sans doute affligé Tyrion de ce handicap parce qu'il était courant dans les sociétés médiévales (c'est un des rares problèmes de naissance dont on survivait!!!)

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