lundi 8 février 2016

Long Overdue



«Ton ménage de bureau est long overdue, Mylène»

C'est la phrase que mon chum m'a lâchée cet après-midi quand il m'a trouvée dans un plus grand bordel que d'habitude. Puis il m'a servi une bière. Paraît que j'en avais besoin.  Faut dire que du ménage dans mon bureau, j'en ai pas fait depuis... je me rappelle plus quand. Faut croire que ça paraissait que j'étais dépassée par la tâche à accomplir.

J'ai toutes les excuses du monde pour avoir tant tardé. Écrire et publier deux livres en 18 mois, ça hypothèque des habitudes. Adopter deux chiots en 14 mois aussi. Sans compter que je suis en train d'écrire le roman le plus exigeant de ma carrière. Il compte quatre histoires, et j'ai passé six mois à faire de la recherche, seulement pour la première histoire!

Vous me direz que j'ai pas de mesure, et vous avez raison. Quand j'entreprends quelque chose, je plonge dedans à 100%. L'écriture d'un roman occupe 1/3 de chaque journée. Le deuxième tiers est consacré aux chiens. Le troisième, à la cuisine. Mon chum dit maintenant qu'il est heureux qu'on dorme dans le même lit. 

 Et le pire, c'est que quand je suis en écriture, il n'y pas de samedi ni de dimanche ni de jour férié. (Demandez-le à la Sorcière qui passe son temps à me dire: c'est Pâques, dimanche, My. Ou c'est la fête des Patriotes. Ou autre chose du genre.)  Il faut dire que j'utilise un agenda Moleskine, ça ne m'aide pas pantoute à m'orienter avec le Monde.

Je pense l'avoir déjà écrit sur ce blogue, mon nouveau projet est construit un peu comme le roman The Man in the High Castle, de Philip K. Dick. Quatre histoires qui s'entrecoupent, aucun personnage n'est au courant des aventures des autres, seul le lecteur comprend ce qui est arrivé pour vrai.

Il s'avère que j'ai terminé dimanche soir la première des quatre histoires.  J'avais donc l'intention lundi matin de me mettre à la deuxième histoire. Je venais juste de finir mon café quand la Poste est arrivée. Et c'est là que j'ai compris à quel point j'ai vécu sur une autre planète ces 18 derniers mois.

Il y avait là une lettre d'un couple de Français très âgés, que j'ai rencontrés dans un parc quand j'ai fait la route de Compostelle en 2010. J'ai passé la moitié du lendemain chez eux, à boire du café. Et je suis repartie avec des tomates plein les poches. Si vous avez lu le roman que j'ai ramené de ce voyage, il s'agit de Guy et Marie.

Et Marie m'écrit que comme elle n'a pas eu de retour à sa dernière lettre, elle s'inquiétait pour ma santé.

Elle, qui a bien 93 ans, s'inquiétait pour ma santé. Ouf! Méchante douche froide.

J'ai donc entrepris de retrouver sa dernière lettre, qui devait, logiquement, se trouver dans mon bureau.

J'ai découvert une lettre qu'un autre ami âgé m'a écrite en janvier... de l'an dernier. L'enveloppe n'était même pas décachetée. J'ai découvert une carte de Noël que j'ai même pas vu arriver. J'ai trouvé un paquet de photos de plein de gens, empilées dans un panier. Des notes sur la correction du tome 1 d'Une deuxième vie (Je les avais cherchés partout!). Il y avait aussi une recette de pancakes au babeurre, écrite à la main par une dame âgée de l'église où va mon chum (À ce moment-ci, je me suis dit que, décidément, je négligeais les personnes âgées.)

J'ai trouvé aussi des lunettes depuis longtemps perdues, mais qui m'auraient été bien utiles cette semaine quand mon chiot a mangé la paire que j'utilise au quotidien. Et juste en dessous des lunettes, il y avait un chèque-cadeau de 40$ au restaurant l'Auberge North-Hatley... qui expirait le 31 février... 2015.

Je vous épargne le reste, c'était plus trivial encore que le bracelet de cette montre qui ne fonctionne plus, mais que je garde parce que je veux le mettre sur une montre neuve.

Cette exercice de ménage m'a permis de comprendre un aspect de moi-même que je ne connaissais pas:  je suis capable d'une grande concentration.

Eh, oui! Je n'ai pas vu l'état de mon bureau comme une catastrophe, mais plutôt comme quelque chose de lumineux. J'étais tellement prise dans mon histoire que j'ai été capable de faire abstraction du reste de ma vie pour la mener à terme... et en commencer une autre qui m'occupe et me passionne tout autant.

Dans un autre panier, j'ai trouvé deux photos d'Einstein, l'une quand il était jeune adulte, l'autre quand il était un savant reconnu. (Des souvenirs de mon voyage de noces en Suisse, il y a trois ans.) Ces photos m'ont rappelé la photo de son pupitre, prise le jour de sa mort. Et je me suis dit que je ne serais pas gênée de mourir et qu'on trouve mon bureau dans cet état.


Je profite de l'occasion pour faire une mise à jour: Le Prix estrien du roman de genre a été adopté lors de l'assemble générale de l'AAAE, à la mi-janvier. (Je venais tout juste d'adopter mon deuxième chiot alors j'ai eu trop de broue dans le toupet pour vous tenir au courant (même si c'est ça que j'avais dit que je ferais).)

p.s. Je n'ai jamais retrouvé la lettre de Marie, mais je vais quand même lui écrire demain. 

p.p.s. Pour éviter d'oublier de publier ce billet demain matin, je le publie tout de suite. J'espère juste qu'il n'y reste pas trop de fautes.


4 commentaires:

  1. Lolol! Je te comprends tellement! Mon chum vient justement d'exiger que je fasse le ménage de mon bureau. Heureusement pour moi, comme on partage la même pièce et que c'est lui qui a la job de l'époussetter, il insiste à intervalles réguliers.

    Mais mes certificats cadeaux ont quand même le temps de passer date!

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  2. Chez nous, je suis celle qui dit à l'autre de faire le ménage de son bureau!
    Pas un gros ménage dans ton texte... juste "exercice" que tu as mis à ta main, c'est à dire au féminin! hihi... J'en fais des tellement plus graves!
    Comme The Man in the High Castle ne me dit absolument rien, ton roman sera une surprise pour moi.

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  3. Il me semble ne pas avoir vu passer de photos du deuxième chiot... Je suis curieuse! On veut connaître tes compagnons la Doyenne!

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    1. D'accord. Je vous en parle dans mon prochain billet. :-D

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