Photo piquée sur la page Facebook du Salon du livre de Montréal 2015 |
Si vous étiez au Salon du livre de Montréal samedi matin, un
peu avant midi, vous avez vécu un événement exceptionnel.
Il était, il me semble, passé 11 h 30 quand a
retenti dans le salon du bruit de pétarade semblable à celui d'une
mitraillette. Trente secondes, c'est tout ce que ç'a duré, et le temps s'est
arrêté.
Nous étions cinq ou six mille. On aurait
pourtant entendu une mouche voler. Un silence lourd d'appréhension écrasait la
grande salle du salon comme une chape de plomb. En attente, chacun cherchait sous
le ronronnement de la ventilation un indice qui aurait trahi la présence d'une
Kalachnikov, peut-être au premier étage...
Et tout le monde, sans exception, pensait à Paris.
Pendant une minute, une minute et demie, la perspective d'un
attentat a habité tous les esprits, a fait s'emballer toutes les imaginations.
Et Dieu sait qu'il y en avait, de l'imagination, dans ce salon du livre! Nous
n'étions plus des auteurs, des éditeurs, des lecteurs ou des commis de kiosque.
Nous étions des êtres humains pétrifiés.
Comme le silence s'est poursuivi, l'activité a repris, tout
doucement. Ici et là, on entendait des soupirs de soulagement et des rires
nerveux. Puis les conversations ont effacé toute trace de la menace.
On n'a jamais su ce que s'était passé. Un marteau-piqueur,
une perceuse. Qu'importe! Pendant ce court moment, nous avons tous pris
conscience de la précarité de la vie. Et nous avons senti dans nos tripes à
quel point personne n'est à l'abri. Ni ici, ni ailleurs, à Paris, Beyrouth, Damas,
Bamako, New York ou dans n'importe quel autre ville rendue tristement célèbre
depuis quinze ans.
Évidemment, une heure après l'incident, tout le monde l'avait
oublié. La peur avait fait place à la frénésie des rencontres entre les
lecteurs et les auteurs, entre des auteurs et d'autres auteurs, et entre des
auteurs et des éditeurs.
Oui, depuis, la vie a repris son cours. Mais pour moi, rien ne
pourra effacer le fait que samedi, un peu avant midi, pendant une minute, une
minute et demie, cinq ou six mille Québécois ont communié avec le reste de l'humanité.
Oui, je comprends tout à fait. Communion dans la peur et l'appréhension, c'est un peu plate. C'est très fort toutefois.
RépondreSupprimerJe l'ai vécue à Bruxelles lundi dernier cette communion. Ce n'était pas dans la peur, c'était pour rendre hommage en silence, mais tout à coup, on s'est tous senti si petits...
Hein, j'étais où à ce moment-là? Je n'ai pas entendu ça... (heureusement, sinon j'aurais paniqué moi aussi!) :(
RépondreSupprimerJe ne suis pas certaine de l'heure parce que je n'avais pas de montre. C'était juste un peu avant que la foule devienne dense.
SupprimerOuf, j'suis pas fâchée d'avoir manqué ça. J'en aurais eu les muscles noués pendant deux jours! J'ai justement passé le salon à me dire qu'un attentat en plein SLM, ça serait malheureusement dans la logique de l'EI. :S
RépondreSupprimerÀ la table où j'étais, on a fait des hypothèses pendant les quinze minutes qui ont suivi. On se disait que le plus dévastateur serait sans doute pendant une partie des Canadiens au Centre Bell. Plus morbide que ça, tu meurs. Sauf que c'était impossible de ne pas y penser. :-S
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