Joël Champetier, au Salon international du livre de Québec en 2012 Source Wikipédia. |
Je le
connaissais à peine. À peu près comme je connaissais Jean Paquin dont j'ai déjà
parlé ici. Courtes conversations de salons du livre, une autre au Worldcon de
2009. Rien qui permet vraiment de tisser des liens.
J'ai souvent
signé en face de lui parce qu'Alire et VLB font affaire avec le même
distributeur. Jamais lu ses livres, cependant. Pas ma tasse de thé. N'y voyez pas de
jugement, surtout. Je suis une petite nature et je souffre et j'ai peur rien
qu'à lire les romans de la Sorcière pis c'est ma grande chum. Pensez-vous que
j'allais affronter des livres du même genre écrit par quelqu'un avec qui j'échange
une parole et un sourire par salon?
N'empêche,
il était l'idole de plusieurs de mes amis. Ils en parlaient comme d'un grand
maître, une sorte de sage, impliqué dans tous les comités touchant de près ou
de loin la littérature de l'imaginaire. Mes amis ne faisaient pas que
l'idolâtrer, ils l'aimaient. À tel point que lorsqu'il est tombé
malade, il y a un an, tous voyaient la chose comme passagère. Un autre peut
mourir de la leucémie. Pas Joël. Joël, c'est un pilier. Il va se reposer,
recevoir des traitements pis on va le revoir au Boréal.
Mais voilà.
Au Congrès boréal, il y a quelques semaines, Joël n'y était pas. Trop malade.
Trop fatigué. La leucémie avait pris le dessus. Il leur a fait ses adieux par
Skype. J'ai appris la chose avec un serrement au coeur. Pendant un an, j'ai
glané des nouvelles de Joël via Pierre-Jean-Jacques. Quand ses amis me parlaient
de son état avec espoir (je dirais presque avec candeur), je me contentais de
répondre avec un mot d'encouragement. Je n'avais pas le courage de leur dire
qu'ils se leurraient.
Voyez-vous, ma mère est morte de la leucémie. Deux ans
que ç'a duré. C'était pas jojo, et sur plusieurs plans. Comme le dirait la
Sorcière, qui s'y connaît en cancers, la leucémie, chez l'adulte, ça ne
pardonne pas.
Un jour, il
y a quelques mois, la blonde de Joël a demandé à ses amis de lui envoyer des
ondes positives parce que ça n'allait vraiment plus. Le corps de Joël répondait
mal au traitement (ou ne répondait pas du tout). Je savais très bien ce que ça
voulait dire, alors j'ai allumé une bougie sur ma table de cuisine. J'ai recommencé le lendemain. Pis le surlendemain. En fait, chaque soir, au souper, depuis ce jour-là, j'ai imposé à mon chum et à ma visite un moment
de silence, une pensée pour Joël et pour sa blonde.
Joël s'est
éteint en fin de semaine. Je l'ai su via Facebook samedi matin, alors j'ai rallumé ma bougie
au déjeuner. Pour lui, pour sa blonde, mais aussi pour ses amis. Parce que ce
ne sera pas facile pour ceux qui restent.
Je ne verrai
plus ce modèle discret, un brin
gringalet, avec un sourire de gamin, des lunettes et une tignasse bouclée à
m'en rendre jalouse. Il n'y aura plus de salut ni de hochement de tête entendu.
Ni de silence poli parce qu'on ne se connaissait pas vraiment.
Mais ses
histoires, elles, demeureront. Celles qu'il a écrites, celle avec laquelle on a
fait un film et celles que raconteront encore longtemps ses fans, ses amis, ses
émules.
Bon voyage, Joël!
«Love and light» à ceux qui restent.
Un commentaire plein d'humanité. Je n'ai pas grand chose à ajouter. Je ne le connaissais pas non plus, mais dans la revue Solaris que je lis toujours avec beaucoup de plaisir, on parlait souvent de lui. J'envoie donc moi aussi des pensées à sa famille et ses amis. D'ici à ce qu'ils aillent mieux, ce sera lui, leur lumière.
RépondreSupprimerJ'avais eu le réflexe moi aussi au début, de désespérer en entendant le mot "leucémie". Mais les traitements se multipliaient, on entendait parler de cas de gens ayant survécu. Alors pourquoi pas Joël, qui était si gentil, si discrètement fort, tellement toujours positif?
RépondreSupprimerPourquoi pas? Parce des fois (souvent) la vie est juste bitch de même.
Enfin, on le rejoindra tous tôt ou tard. Je suis sûre que sa Valérie aimerait apprendre l'histoire de la bougie.
Si tu la connais, tu peux lui donner le lien vers le blogue. Elle le lira quand ça lui adonnera.
SupprimerC'est fait! :)
SupprimerMerci!
SupprimerPetite tranche de vie. Quand il a appris que je m'en allais vivre au Yukon, Joël, alors en pleine forme, m'avait conseillé de lire un livre, un roman intitulé Yukonnaise...
RépondreSupprimerC'est étrange, la vie, quand même...
SupprimerTon texte est très touchant, d'autant que tu le connaissais peu ou pas. Et tu lui as allumé une bougie chez toi. J'admire ce genre d'amour, ça vient me chercher.
RépondreSupprimerJe l'ai aimé qu'à travers tes yeux, et je lui offre de l'amour. Pour moi, l'amour n'a pas besoin de corps pour se rendre à l'autre.
Je suis du même avis.
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